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Législatives 2024 : pourquoi la CGT Police Intérieure appelle à faire barrière à l’extrême droite ?

Depuis l’annonce de la création du Nouveau Front populaire, Anthony Caillé, secrétaire général de la CGT Intérieur-Police, le cinquième syndicat, a affiché son soutien à la coalition des partis de gauche et a appelé ses collègues à bloquer le Rassemblement national. .

Pourquoi la Police CGT appelle-t-elle à bloquer le Rassemblement National et quels sont les risques s’il arrive au pouvoir ?

Parce que ce sont les valeurs de la CGT, des valeurs d’humanisme, de partage. Nous sommes totalement en désaccord avec l’une des mesures phares du Rassemblement national, la préférence nationale, que nous jugeons très dangereuse et qui pourrait risquer de fracturer la République. Je m’inquiète du recours abusif à la police, qui est aujourd’hui déjà bien détournée de sa vocation initiale. Tout ce qui concerne la sécurité est l’élément principal de la campagne d’extrême droite… Nous ne sommes pas près de revoir la police de proximité.

Les autres syndicats de policiers se sont mobilisés, en 2002 et en 2017, contre le RN. Pourquoi ne se mobilisent-ils pas aujourd’hui ?

Je pense que ces syndicats deviennent de droite. On le voit bien dans leurs discours, comme dans l’affaire Nahel en 2023. L’UNSA Police et Alliance n’ont pas hésité à en parler. « lutte contre les nuisibles » ou « hordes sauvages » dans leur dépliant. Le deuxième syndicat de police, SGP Police FO Unit, est entièrement derrière le leader – constitué d’une alliance entre l’Alliance et l’UNSA-Police. Tous trois suivent donc le même chemin, en bloc majoritaire. La CGT n’a aucun dialogue avec les principaux syndicats.

Ne craignez-vous pas que votre position vous marginalise au sein de votre institution ?

Quand on obtient moins de 2% aux élections professionnelles, on est déjà en marge… Au contraire, c’est en réaffirmant notre position et notre attachement aux valeurs de la CGT que les policiers républicains et humanistes viendront à nous. Aujourd’hui, le ministère de l’Intérieur a mis en place une cogestion avec les trois syndicats Unsa, Alliance et Unité. Le policier est obligé d’adhérer à un syndicat s’il espère obtenir une mutation ou un avancement. Comment voulez-vous sortir de ce système, si l’administration vous pousse à rejoindre ces trois organisations majoritaires dans l’espoir d’une évolution professionnelle ?

En quoi l’accession au pouvoir du Nouveau Front Populaire serait-elle une bonne nouvelle pour le fonctionnement de la police ? Quelles mesures concrètes retenez-vous de son programme ?

Au-delà des mesures pour améliorer le fonctionnement de la Police, il y a celles pour tous les salariés : départ à la retraite à 60 ans, augmentation de 10 % du point d’indice pour les fonctionnaires, c’est là que se situe l’enjeu général. Si l’on regarde au niveau de l’institution policière, c’est le recrutement de 30 000 policiers statutaires, le rétablissement de la police de proximité, l’abrogation de la réforme de la police nationale qui a supprimé la police judiciaire… Ce sont des promesses très importantes, que nous sont exigeants depuis plus de 20 ans. En fait, le NFP n’a fait que reprendre les revendications de la CGT Police.

William Dupuy

Independent political analyst working in this field for 14 years, I analyze political events from a different angle.
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