Législatives 2024 : les réseaux sociaux d’un candidat RN dans les Landes inquiètent ses adversaires
Ludovic Biesbrouck, candidat du RN dans les Landes, est originaire de Roubaix. Arrivé dans les Landes il y a 16 ans, il est aujourd’hui le chef du parti de Marine Le Pen dans le département. Agé de 38 ans, il est agent de sécurité et a très peu d’activité sur les réseaux sociaux. « En effet, c’est un Facebook très fluide car ce n’est pas là que je préfère communiquer sur tout et n’importe quoi. » explique le candidat lorsqu’on l’interroge sur sa présence numérique.
« Je viens de l’extrême France »
Cet aspect lisse de ses réseaux sociaux semble avoir a interrogé ses adversaires qui cherchaientont essayé d’aller plus loin. Et certains, comme le journal Libération d’abord, puis Médiapart, ont trouvé des publications ou des pages et des personnes suivies qui les inquiétaient, pointant notamment liens avec des pages Facebook d’extrême droite radicale. « Je ne comprends toujours pas ces mots d’extrême droite« , répond Ludovic Biesbrouck lorsqu’on lui demande s’il se considère d’extrême droite. »Je suis originaire de l’extrême France, nous sommes un parti politique démocratique et républicain.« .
Cela ne rassure pas Florian Deygas. Il est conseiller municipal à Soustons, proche de l’adversaire du candidat RN pour ce second tour des législatives, le député sortant de la majorité présidentielle Lionel Causse. C’est sur le réseau X que le militant centriste non inscrit a exprimé son inquiétude.Par exemple, Ludovic Biesbrouck aime les pages Facebook d’une galaxie de groupes d’extrême droite comme les identitaires du collectif Némésis, celles de la Citadelle de Lille, mais aussi la page des antisémites d’Amitié et d’Action Française, donc je me pose encore beaucoup de questions. Je suis assez étonné et je dois l’avouer, assez anxieux« .
Au moins huit pages Facebook radicales ont suivi
France Bleu Gascogne est donc allée vérifier ces affirmations et a effectivement constaté au moins huit pages Facebook suivies par la candidate RN pour la deuxième circonscription des Landes issues de différents courants radicaux L’extrême droite. Ludovic Biesbrouck suit par exemple la page d’Henri de Lesquin, négationniste entre autres. Il suit les pages du bar associatif identitaire lillois La Citadelle et de son propriétaire Aurélien Verhassel, que le ministère de l’Intérieur tente de dissoudre. Le candidat, qui a passé une partie de sa vie à Lille et qui est un fervent supporter du LOSC, explique n’y avoir jamais mis les pieds. Il suit une page appelée Vigilance Halal, une page ouvertement islamophobe.En effet je suis des pages sur Facebook« , se défend le candidat, »après, ce n’est pas parce que je suis une page que je valide totalement leurs idées. Je suis là pour voir un peu ce qui se passe« . Puis il ajoute : « Je préfère suivre les pages Facebook qui parlent de la droite et de la France. Je ne vais pas forcément suivre les pages Facebook qui vont parler de LFI.« .
Un cœur placé sur un post raciste
Toutes ces pages Facebook radicales suivies ont poussé une source à aller encore plus loin pour remonter les traces numériques de Ludovic Biesbrouck. Et elle a découvert, sur le profil Facebook d’un ami du candidat, lui aussi supporter du club de football de Lille, une publication sur laquelle Ludovic Biesbrouck a placé un coeur en 2019. Une publication qui dit : « J’ai pris un migrant sous mon aile, heureusement ma voiture va bien« .
« Alors 2019… Bonne question« , hésite le candidat RN quand on lui montre ce cœur laissé par son profil Facebook sur cette publication d’un de ses amis. La question à se poser est : trouve-t-il ça drôle ? »Non, ce n’est pas très drôle, c’est une blague plus que moyenne. » répond-il. Pense-t-il que c’est une blague raciste ? « Oui, je dirais presque que c’est le cas.« , conclut Ludovic Biesbrouck.
Un faisceau de signaux qui suscitent des interrogations
Ce qui est effectivement interrogeable dans le profil numérique du candidat RN dans les Landes, c’est l’accumulation de ces signaux. Les pages Facebook d’extrême droite ont suivi, le cœur sur cette publication, son passé de supporter lillois au sein d’un groupe de supporters, le DVE, dont une frange est régulièrement pointée du doigt pour des actes racistes. Chants, cris de singe, saluts nazis et violences. Cette frange de supporters s’appelle l’Armée du LOSC. Ludovic Biesbrouck dit n’y avoir jamais été connecté. Il suit cependant sur Facebook le bar identitaire lillois où se retrouvent ces supporters, le bar la Citadelle et son propriétaire Aurélien Verhassel. Ludovic Biesbrouck dit n’y avoir jamais mis les pieds.
On pourrait pousser le curseur jusqu’à parler de ses vêtements. Le candidat du RN apparaît sur plusieurs photos sur les réseaux sociaux avec une veste ou un sweat de la marque Lonsdale ou un bonnet Fred Perry. Sur le papier, ces marques de vêtements de sport sont tout à fait respectables et mainstream, mais elles sont aussi connues pour avoir été récupérées par le milieu skinhead. Pourtant, les porter, évidemment, ne fait pas de vous un militant néonazi. Et Ludovic Biesbrouck affirme qu’il n’y a aucun message ou signe d’appartenance à porter ces vêtements.Pour être honnête avec vous, j’aime cette marque parce que j’avais l’habitude de boxer« , explique-t-il. Et c’est vrai, c’est une marque de boxe, elle a notamment habillé le boxeur Mohamed Ali.
« Les gens savent très bien qui je suis »
Tous ces éléments pris en compte et collés ensemble ne sont évidemment pas ne prouve rien. Mais même Ludovic Biesbrouck comprend que, présenté de cette façon, cela pose question : «Alors, effectivement, on peut se poser la question. Or, ce n’est pas parce qu’on va voir un match de foot qu’on est des hooligans. Ce n’est pas parce qu’on porte des vêtements pour faire de la boxe qu’on est forcément des fascistes. Ce n’est pas parce qu’on suit des pages Facebook qu’on est forcément d’accord avec elles. Les gens savent très bien qui je suis.« s ».
En fait, pour Ludovic Biesbrouck, toutes ces photos et archives exhumées par ses adversaires sont avant tout la preuve qu’ils n’ont pas d’autres arguments à lui opposer.
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