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Législatives 2024 : le RN, un programme faussement social mais véritablement libéral

Législatives 2024 : le RN, un programme faussement social mais véritablement libéral

Il n’a pas fallu trois semaines pour que le masque social du Rassemblement national (RN) se fissure. Depuis l’annonce de la dissolution, le parti d’extrême droite sème le renoncement, sûr de sa base électorale après son score historique aux élections européennes et désireux d’engranger le soutien des milieux économiques.

Au lendemain de la dissolution, les cadres du RN évoquaient un « plan Matignon ». Mais il a fallu attendre le 24 juin pour obtenir des précisions sur le contenu des « priorités du gouvernement d’union nationale », ce qui ne se fera, a rappelé Jordan Bardella, qu’en cas de majorité absolue à l’Assemblée nationale.

« Dans ces élections, je suis le candidat de la vérité, celui qui ne promet pas ce qu’il ne peut pas tenir » a déclaré le président du RN. Toutefois, le flou demeure, puisque la mise en œuvre des mesures est conditionnée à un audit des comptes de l’Etat. Une manœuvre pour justifier par avance de futurs renoncements comme la réforme des retraites, que le parti d’extrême droite avait pourtant promis d’abroger.

Un engagement qui, déjà, n’est plus aussi ferme. Si Jordan Bardella défend la retraite à 60 ans pour les longues carrières et à 62 ans avec 42 ans, tout cela n’arrivera que« au regard des marges que l’audit aura permis d’identifier ». A ce sujet, Jordan Bardella accuse Emmanuel Macron d’avoir organisé « la quasi-faillite des comptes publics en sept ans »et prépare donc déjà les esprits à l’abandon de sa promesse.

L’État social dans le viseur du RN

Sous le vernis social, c’est bien la continuité libérale qui règne. Le RN propose de permettre aux entreprises d’augmenter « un salaire de 10 % sans cotisations patronales pendant cinq ans, et ce jusqu’à trois fois le Smic ».

Une mesure dont le coût pour l’État a été évalué par l’Institut Montaigne à 800 millions d’euros en 2025 et 4,8 milliards en 2027. Un comble, car Jordan Bardella critique la situation budgétaire de la France. « très dégradé ». Et un beau cadeau pour les entreprises : les exonérations représentent déjà, selon l’Urssaf, 73,6 milliards d’euros de coûts pour les finances de l’Etat.

Le président du RN a néanmoins affirmé vouloir « débloquer toutes les contraintes qui pèsent sur la croissance » par « états généraux de simplification » en automne, « en concertation avec les acteurs économiques ». C’est l’État social qui sera une nouvelle fois privé de ressources pendant que les Français attendent son redressement.

Le programme RN se divise en deux temporalités. D’abord, la « gestion des urgences », avec un premier volet pour « relancer le pouvoir d’achat ». Oubliée, la sortie du marché européen de l’énergie, autrefois promise, au profit d’exonérations des règles européennes et d’une baisse de la TVA sur l’électricité, le gaz, le fioul et les carburants.

Sans surprise, Jordan Bardella a également affirmé sa volonté de s’attaquer au « Le désordre sécuritaire et migratoire règne en France »avec l’instauration de peines minimales et planchers, une reprise des mesures censurées du droit de l’immigration  » sur la forme «  par le Conseil constitutionnel, la suppression de l’aide aux parents de récidivistes et la suppression du droit foncier, tournant le dos à un pilier de notre République.

Régression écologique et sociale

Quant à l’immigration, Bardella ose affirmer : « ce n’est pas un sujet qui divise les Français », alors qu’il continue de militer pour le rejet des immigrés et des citoyens d’origine étrangère. Il a également confirmé que les binationaux n’auraient plus la possibilité d’occuper des postes « positions stratégiques » au sein de l’État.

Le RN rappelle également qu’il souhaite inscrire le « préférence nationale » dans la Constitution, préparant efficacement à une discrimination systématique à l’encontre des étrangers. Plutôt que de remettre en cause le séparatisme des riches contre les pauvres, le RN désigne des boucs émissaires pour faire diversion et mieux maintenir en place les inégalités.

La deuxième fois serait celle de « traitement des réformes » avec par exemple le « reprise scolaire »sans ressources supplémentaires mais avec des uniformes et un plan « manger mieux »censé promouvoir la production française et « Atteindre 80 % de produits français dans les cantines scolaires d’ici 2027 « . Le parti d’extrême droite n’oublie pas de s’adresser aux agriculteurs, en promettant une interdiction des importations de produits « ne répondant pas aux normes appliquées en France ».

Sur l’écologie, il propose la réduction du zéro artificialisation nette (ZAN), et la suppression des interdits liés au diagnostic de performance énergétique pour la location et la vente de biens immobiliers. Sous couvert d’abaissement des normes, le RN vante en réalité des régressions.

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