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Législatives 2024 : Éric Ciotti vend au RN et déchire son parti

On savait qu’Eric Ciotti avait des idées d’extrême droite. Tout ce dont il avait besoin, c’était de l’admettre publiquement. C’est chose faite avec la tentative du président du parti « Les Républicains » (LR) de faire sauter une digue historique, d’un coup de poker, ce mardi 11 juin. Le député des Alpes-Maritimes a appelé à une alliance avec le National. Rassemblement aux législatives, au journal TF1, pour tenter d’achever le vieux rêve réactionnaire d’une « union des droites », qui irait de LR au RN, voire jusqu’à la Reconquête !  » J’espère que ma famille politique ira dans cette directiona-t-il déclaré. Une force doit surgir pour s’opposer à l’impuissance du macronisme et au danger des rebelles. »

Éric Ciotti voit dans le pacte avec l’extrême droite la bouée de sauvetage de son camp, après son score désastreux aux élections européennes (7,2% des voix pour François-Xavier Bellamy, contre 31,4% pour Jordan Bardella). Le député des Alpes-Maritimes s’imaginait sauver le groupe parlementaire LR, composé de 61 élus, avec ce deal meurtrier.

Rompre définitivement avec la doctrine du « cordon social »

En admettant que « la grande majorité des militants veulent cet accord » (sans les avoir consultés), le Niçois encourage l’ensemble de ses collègues à prendre pleinement part à la création d’un « bloc national ». « On dit la même chose du chaos migratoire ! il a argumenté. Alors, cessons de faire des oppositions un peu artificielles et mettons-nous au travail. Le défi est de redresser le pays demain et d’avoir une majorité pour cela. » En ouvrant la porte à ce pacte faustien, Éric Ciotti cherche à rompre définitivement avec la doctrine du « cordon sanitaire » érigée au début des années 1990 par Jacques Chirac (pas d’accord avec les Le Pen).

« Laisse le partir! » Il ne nous représente plus. »

Le député LR Philippe Gosselin

Problème, Eric Ciotti n’a visiblement pas pris la peine de se mettre d’accord avec ses propres troupes. Sa déclaration a créé la stupéfaction dans son camp, où les appels à sa démission se multiplient. « Il ne peut plus présider notre mouvement et doit démissionner de son mandat ! » a tonné Gérard Larcher, président du Sénat, alors que l’ensemble des sénateurs LR ont voté contre tout accord avec l’extrême droite ou avec la Macronie aux législatives. La sénatrice Sophie Primas et son collègue Jean-François Husson ont annoncé qu’ils claquaient la porte de LR dès la fin de l’entretien avec Éric Ciotti. Les deux députés LR du Cantal rendent également leurs cartes.

Olivier Marleix, chef de groupe à l’Assemblée nationale, ne mâche pas ses mots, tout comme le député Philippe Gosselin, catégorique : « Laisse le partir! » Il ne nous représente plus. » Son collègue Ian Boucard dénonce également l’initiative « personnel » par Éric Ciotti : « Il a fait cette annonce dans le dos des parlementaires LR réunis hier pour entériner leur ligne indépendantiste. Je ne sais pas à qui il a pu parler dans notre groupe. Nous sommes déjà une quarantaine sur 61 à condamner cette annonce. Il semble qu’Eric Ciotti se soit tenu devant un miroir hier et ait parlé avec Eric Ciotti. »

Ciotti « vend son âme pour un plat de lentilles »

« La salade niçoise d’Eric Ciotti, c’est à vomir »a ajouté le secrétaire général adjoint de LR, Geoffroy Didier, pour qui « toute collaboration avec l’extrême droite est une trahison de l’esprit des « Républicains » ». « L’ADN de la droite républicaine, ce n’est jamais les extrêmes, jamais le Front National, jamais Marine Le Pen ! » a insisté Xavier Bertrand, le président des Hauts-de-France.

Mais le mot le plus cinglant revient à Julien Dive, député LR de l’Aisne : « On sait désormais qu’en juin 1940, Éric Ciotti n’aurait jamais traversé la Manche. » Quant à l’ancienne candidate LR à la présidentielle, Valérie Pécresse, hostile à la ligne d’Éric Ciotti, elle a appelé son parti à « dénoncer immédiatement » le pacte proposé par ce dernier, qui « (vend) son âme pour un plat de lentilles et (des rideaux) que dans l’intérêt du pays ».

Même le président LR de la région Auvergne-Rhône-Alpes, Laurent Wauquiez, bien que dans la lignée du virage ultra-droitiste de Ciotti, le condamne. « Le devoir de la droite républicaine est d’offrir une voix claire et indépendante entre l’impuissance des »en même temps«  et le saut dans l’inconnu du RN »plaide celui qui sera candidat à la députée en Haute-Loire.

De son côté, Marine Le Pen s’est félicitée du « choix courageux » par Eric Ciotti et son  » sens des responsabilités. », tandis qu’au même moment elle sifflait la fin des négociations avec Reconquête !. Sauf que le prix de la guerre pourrait être maigre.

Rares sont ceux qui disent suivre le patron dans son ralliement à l’extrême droite : le président de Jeunes LR, Guilhem Carayon, les députés européens Céline Imart et Christophe Gomart, ou encore Christelle d’Intorni, députée de la circonscription voisine d’Éric Ciotti. Malgré cette quasi-unanimité à son encontre, ce dernier refuse pour l’instant de démissionner. Les statuts du parti pourraient lui permettre de rester en fonction jusqu’aux nominations. LR risque de traîner encore quelques temps le boulet de Ciotti.

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William Dupuy

Independent political analyst working in this field for 14 years, I analyze political events from a different angle.
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