Législatif. Retraites, impôts, doubles nationalités… ce qu’il faut retenir du débat Attal-Bardella-Bompard
Il s’agissait du premier affrontement télévisé majeur entre les trois principaux camps lors des élections législatives anticipées. Gabriel Attal (Ensemble, majorité présidentielle), Jordan Bardella (Rassemblement national) et Manuel Bompard (Nouveau Front populaire) se sont affrontés ce mardi soir sur le plateau de TF1, alors que l’extrême droite est en tête des sondages à cinq jours du premier tour. Nous récapitulons les moments forts du débat.
Sur le pouvoir d’achat, la question du financement
Premier thème abordé, le pouvoir d’achat, principale préoccupation des Français. « Je ne veux pas faire croire aux Français à la Lune », a déclaré le Premier ministre, attaquant ses deux adversaires sur certaines promesses de leurs programmes. Jordan Bardella souhaitait baisser la TVA sur l’énergie et les carburants de 20 % à 5,5 %. Manuel Bompard a préféré un « gel des prix », afin de ne pas en imposer le coût aux finances de l’État. Le coordinateur de La France insoumise s’est défendu l’augmentation du SMIC à 1 600 euros, une proposition du PFN : « Vous déclencherez un cercle vertueux dans l’économie française. Notre programme est le seul qui soit chiffré», a-t-il justifié face aux craintes de ses adversaires d’une «machine destructrice d’emplois».
A la retraite, un âge de départ de 60 à… 66 ans
Qu’en est-il de l’âge de la retraite ? « La réforme d’Emmanuel Macron est injuste et inefficace », a déclaré Jordan Bardella. Le président du RN a proposé une révision pour « donner la priorité aux Français qui ont commencé à travailler très tôt », évoquant même la retraite à « 66 ans » pour un Français qui a commencé à travailler à 24 ans. « Personne n’a rien compris », a répondu Manuel Bompard, défendant l’abrogation de la réforme. « Attention aux programmes qui aboutiront à une fiscalité excessive pour les Français », a rétorqué Gabriel Attal, appelant à ne « prendre aucune mesure ». il risque d’avoir un système de retraite foutu en l’air par des réformes qui le mettraient en grande difficulté financière.»
Sur les impôts, Bardella flirte avec les moins de 30 ans
« Je serai le Premier ministre de la paix fiscale », a déclaré Jordan Bardella, prônant une mesure de défiscalisation pour les moins de 30 ans. « Est-ce une mesure pour vous ? », a répondu le Premier ministre, mais « qui paie ? » : « La réalité, c’est que ce seront justement les moins de 30 ans qui boiront. » Manuel Bompard s’en prend également au programme RN : « Vous allez organiser une captation des ressources des 30 % les plus pauvres pour les reverser aux 10 % les plus riches. »
Sur l’environnement, le nucléaire sur la table
« La transition écologique est le défi du siècle, on ne peut y répondre que par des investissements publics massifs », a assuré Manuel Bompard. « Nous avons augmenté de huit milliards le budget de la transition écologique », a répondu Gabriel Attal. « Nous avons réduit les émissions de CO2 de 20 % ces dernières années », a-t-il ajouté, dénonçant une vision « décroissante » de la gauche. Jordan Bardella a de son côté critiqué l’interdiction prévue à partir de 2035 de la vente de véhicules thermiques neufs et appelé à « un moratoire » sur les nouveaux projets éoliens, avec de nouveaux projets de centrales nucléaires.
Interrogé sur le nucléaire, le représentant du Nouveau Front populaire s’est dit « personnellement » opposé à la construction de nouveaux réacteurs, mais a réclamé une loi sur l’énergie qui serait débattue à l’Assemblée nationale. « Comment allons-nous faire cela ? Nous allons faire quelque chose que M. Attal ne connaît pas bien, cela s’appelle la démocratie parlementaire. »
Sur l’immigration, les inquiétudes des binationaux
Jordan Bardella a souhaité que « l’acquisition de la nationalité française ne puisse plus être automatique ». « Vous devriez remercier les travailleurs immigrés. L’immigration rapporte plus qu’elle ne coûte », argumente Manuel Bompard, citant les chiffres de l’OCDE. S’ensuit une escarmouche entre le président du RN et le coordinateur de LFI. Gabriel Attal a de son côté fustigé « le message du RN » sur les binationaux, notamment en les empêchant d’accéder à certains métiers « sensibles » : « Tamara c’est oui, Rachida c’est non. » « Vous voulez un franco-russe à la tête d’une centrale nucléaire ? », a répondu le patron du parti d’extrême droite.
Sur la sécurité, la délinquance juvénile évoquée
Au sujet de la délinquance juvénile, Gabriel Attal a mis en avant un sujet « prioritaire », affirmant vouloir aller plus loin sur l’échec des parents. Jordan Bardella a fustigé « l’excuse minoritaire », souhaitant « renforcer l’échelle des sanctions ». De son côté, Manuel Bompard s’est positionné pour un « rétablissement de la police de proximité à partir de juillet ».
De l’école, de l’autorité et de la laïcité
La question de l’autorité à l’école a également été abordée. « Les professeurs de notre pays me trouveront toujours derrière eux et à leurs côtés », a assuré Gabriel Attal. Jordan Bardella, de son côté, a appelé à un « big bang d’autorité », dénonçant « l’entrisme islamique dans les écoles ». Manuel Bompard a prôné une « vraie scolarité gratuite », où le « problème n’est pas l’abaya », en référence à l’interdiction de ce vêtement interdit par l’ancien ministre de l’Éducation nationale à la rentrée 2023.
Sur les services publics, face aux déserts médicaux
Selon Gabriel Attal, une majorité Ensemble pour la République permettrait « de porter à 16 000 médecins en formation en 2027 ». Manuel Bompard a indiqué vouloir œuvrer pour « faire en sorte que tous les services publics essentiels soient à moins de 30 minutes de chez lui », une « règle essentielle ». Jordan Bardella a également énuméré quelques mesures, dont la « suppression des agences régionales de santé ».