Le président de la République n’est pas aveugle. Il l’a dit dans une lettre aux Français et transmise en exclusivité à la presse quotidienne régionale. Emmanuel Macron a ainsi choisi la proximité pour justifier et expliquer la dissolution de l’Assemblée nationale, qui a consterné le pays.
« Je sais que, pour beaucoup d’entre vous, cela a été une surprise qui a suscité de l’inquiétude, du rejet, parfois même de la colère à mon égard. Je le comprends et je l’entends », écrit-il. « Mais cette décision est la seule qui puisse permettre à notre pays d’avancer et de se réunifier. Vous demander de choisir, vous faire confiance, n’est-ce pas le sens même de la démocratie et de notre République ? « .
« Je mesure le malaise démocratique »
Il rappelle que trois blocs s’affronteront dimanche prochain. L’extrême droite autour du RN et ses alliés, la proposition de « La France insoumise et ses alliés » et le bloc central dirigé par le Premier ministre Gabriel Attal, actuellement en retard dans les sondages.
« Cette troisième voie est la meilleure pour notre pays. Pas seulement parce qu’il protège les Français et prépare l’avenir. Mais parce qu’elle est la seule qui peut certainement bloquer l’extrême droite comme l’extrême gauche au second tour », écrit Emmanuel Macron.
A une semaine du premier tour des élections législatives, qui ne sont « ni une élection présidentielle ni un vote de confiance », Emmanuel Macron l’assure : « Je ne suis pas aveugle : je mesure le mal-être démocratique. Cette fracture entre le peuple et ceux qui dirigent le pays que nous n’avons pas réussi à résoudre. Oui, la manière de gouverner doit changer profondément.»
» Je vous ai entendu «
Alors bien sûr, il rappelle son bilan « pas parfait » depuis sept ans mais concède avoir entendu des envies de changement.
« Je vous ai entendu parler d’insécurité, d’impunité. Sur les vies rendues impossibles par les délinquants, par les récidivistes, par la violence de certains mineurs dans nos villes et villages. Cela a grandement nourri le choix de certains pour le Rassemblement national.» Il explique que le prochain gouvernement devra apporter « des réponses de plus en plus fortes ».
Quel gouvernement ? Emmanuel Macron le dessine un peu. Il souhaite qu’il rassemble « des républicains de sensibilités diverses qui auront su par leur courage s’opposer aux extrêmes ». L’excès encore, pour celui qui rappelle qu’il est chef de l’Etat, président « protecteur » jusqu’en 2027. « Je fais confiance aux dirigeants politiques des forces de l’arc républicain en espérant qu’ils pourront dès le 8 juillet travailler ensemble. Il conclut par « N’ayez pas peur, n’abandonnez pas ». Presque un plaidoyer.
