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« Légalement, rien ne leur interdit de parler », explique un historien du sport après la prise de parole de certains Bleus.

Les deux joueurs de l’équipe de France, Kylian Mbappé et Marcus Thuram, ont appelé les Français à voter pour les élections législatives. Le capitaine des Bleus a aussi appelé lundi à voter « contre les extrêmes ». Un positionnement rare de la part des sportifs, incités à « réserver ».

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Kylian Mbappé en conférence de presse a appelé les Français à voter pour les élections législatives (ALEXANDRE MARCHI/MAXPPP)

Les élections législatives se sont invitées au cœur de la vie des Tricolores en Allemagne pour l’Euro 2024. Marcus Thuram, l’attaquant de l’Inter Milan, a pris position. « Il faut se battre pour que le RN ne passe pas », a-t-il déclaré samedi 15 juin. Kylian Mbappé a été interrogé sur ce même sujet lors de la conférence de presse des Bleus. « Je suis contre les extrêmes, les idées qui divisent », a déclaré dimanche le joueur français. Un mot rare, qui fait réagir.

« C’est plutôt rare que des sportifs prennent la parole avant d’avoir terminé leur carrière, ce n’est pas courant », explique Philippe Tétard, historien du sport à l’université du Mans. L’universitaire prend en exemple la tribune signée par plus de 200 personnalités sportives, publiée lundi 17 juin sur le site L’Équipe. Parmi les signataires, d’anciens grands sportifs : Yannick Noah, François Gabart, Marie-José Pérec et Marion Bartoli… Un fait rare mais pas inédit : en 2002, 300 sportifs signaient un appel à voter contre Jean-Marie Le Pen, pour le deuxième tour de l’élection présidentielle.

Dans un communiqué diffusé samedi, la Fédération française de football s’associe « à l’appel pour aller voter » exprimé par certains Bleus, mais souhaite que son « neutralité » et celui de la sélection sont respectés. Ce principe de « neutralité » apparaît dans la Charte d’éthique et de conduite professionnelle du football comme dans la Charte olympique : « Reconnaissant que le sport est pratiqué dans le cadre de la société, les organisations sportives au sein du Mouvement olympique doivent appliquer le principe de neutralité politique ».

Seulement ça « neutralité » n’empêche pas les athlètes de « parler » en dehors du stade : comme tout citoyen, les sportifs bénéficient de la liberté d’expression. « Légalement, rien ne leur interdit de parler », confirme Pascal Charroin, historien du sport, maître de conférences à l’université Jean-Monnet Saint-Étienne.

Pas d’interdiction et pourtant les athlètes s’expriment rarement. « Ils se cachent toujours derrière l’apolitisme du sport, mais il n’y a aucune raison pour qu’ils restent à l’écart. » dit Philippe Tétard. L’universitaire reconnaît que le monde du sport n’est pas un « un monde où la parole s’exprime facilement ».

« Ils se cachent toujours derrière l’apolitisme du sport mais il n’y a aucune raison pour qu’ils restent à l’écart »

Philippe Tétard, historien du sport à l’Université du Mans

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L’exemple de Colin Kaepernick parle de lui-même. LLa star de la Ligue nationale de football évincé pour s’être agenouillé pendant l’hymne américain en soutien à #blacklivesmatter en 2016. Après ce geste très politique, le joueur n’a plus jamais été recruté dans une équipe de football.

Ces sportifs prennent-ils donc un risque en se positionnant politiquement ? « Pas certain » pour Philippe Charroin. « Ce qui compte pour le public, comme pour les investisseurs, c’est que Kylian Mbappé continue de marquer des buts. Ce que l’on demande aux sportifs, c’est d’être performants” conclut-il. L’Euro de football en Allemagne en sera l’occasion.

Ray Richard

Head of technical department in some websites, I have been in the field of electronic journalism for 12 years and I am interested in travel, trips and discovering the world of technology.
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