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L’effet retors des arbres en ville

Bonne idée de planter des arbres en ville pour lutter contre la pollution. Sauf que l’effet n’a pas été prouvé. Elle vient d’être étudiée en profondeur : de ce fait, les arbres ne réduisent que très peu la quantité de particules fines. Pire encore, ils peuvent augmenter localement la pollution.

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Une équipe de chercheurs vient de montrer que les arbres n’ont qu’un très faible effet sur la réduction de la pollution.  Les forêts urbaines semblaient être une bonne idée pour lutter contre la pollution, mais non.  Vous ne devriez pas compter sur les arbres pour filtrer l'air.  (Illustration) (WITTHAYA PRASONGSIN / MOMENT RF / GETTY IMAGES)

Les arbres en ville n’ont pas que des effets positifs. C’est ce qui nous explique aujourd’hui Mathilde Fontez, rédactrice en chef de la revue scientifique Épsiloon. Planter des arbres en ville semble être une bonne solution pour lutter contre la chaleur et la pollution.

franceinfo : Les arbres en ville peuvent-ils aussi avoir des effets négatifs ?

Mathilde Fontez : Oui, c’est le résultat étonnant d’une étude, menée par une équipe norvégienne du Nature Research Institute, dirigée par l’écologiste Zander Venter. Une étude expérimentale à grande échelle, basée sur les analyses de plus de 2 600 stations de mesure de la qualité de l’air, en Europe et aux États-Unis, entre 2010 et 2019.

Les chercheurs ont couplé ces données à des mesures satellitaires et aériennes du couvert végétal des villes. Ils ont pu suivre l’évolution des principaux polluants de l’air : dioxyde d’azote, ozone, particules fines. Et Ddistinguer les différentes causes du déclin. Et ils montrent que les arbres, en fait, n’ont qu’un très faible effet sur la réduction de la pollution, quasiment nul : seulement 0,8 % des réductions de polluants en moyenne sur 10 ans sont dus aux arbres.

Y a-t-il une réduction de la pollution ?

Oui, les polluants ont effectivement diminué, mais c’est le résultat des politiques de réduction des émissions, plutôt que des arbres. À titre de comparaison, la météo, par exemple, a un impact bien plus important que la végétation urbaine sur la pollution : l’humidité de l’air joue un rôle 10 fois plus important.

Les écologistes ont même découvert que les arbres pouvaient accroître la pollution. Pas globalement, mais à petite échelle, à l’échelle d’une rue, ils augmentent les polluants de 20 à 96 %. C’est logique quand on y pense : ils limitent les flux d’air, ils piègent les particules au niveau du sol qui, sans elles, se disperseraient dans l’atmosphère…

De nombreuses politiques s’appuient sur la végétalisation pour lutter contre la pollution ?

Oui, les forêts urbaines semblaient être une bonne idée, une idée simple et naturelle pour lutter contre la pollution, mais non. Vous n’êtes donc pas obligé de jeter l’arbre. Il reste très efficace pour réduire la chaleur, en absorbant l’eau des fortes pluies. Sans parler de ses effets sur notre bien-être au quotidien.

Mais vous ne devriez pas compter sur eux pour filtrer l’air. Et il faut sans doute être plus stratégique dans le verdissement des villes : des plantes plus basses que les arbres seraient plus efficaces, selon Zander Venter et son équipe. L’idéal serait des haies denses et continues, au milieu des rues, et non sur les bords – pas sûr que cela colle avec l’architecture de nos villes.

En prêtant attention aux pollens et composés volatils émis par les plantes. L’étude a montré qu’à Los Angeles, ces composés volatils contribuent à hauteur d’un quart des particules secondaires lors des journées chaudes.

Gérard Truchon

An experienced journalist in internal and global political affairs, she tackles political issues from all sides
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