Divertissement

L’écrivaine irlandaise Edna O’Brien décède à 93 ans

L’écrivaine, connue pour son œuvre littéraire rebelle et féministe, est décédée samedi. Elle avait reçu en 2019 un prix spécial pour l’ensemble de son œuvre.

Edna O’Brien est décédée « tranquillement samedi 27 juillet après une longue maladie »selon un message de son agent Caroline Michel et de son éditeur, Faber, publié sur le compte X de ce dernier.

« Edna O’Brien était l’une des plus grandes écrivaines de notre temps », « Elle a révolutionné la littérature irlandaise, en capturant la vie des femmes et les complexités de la condition humaine dans une prose lumineuse et simple, qui a eu une profonde influence sur tant d’écrivains qui l’ont suivie. »le message continue.

Le président irlandais Michael D. Higgins l’a décrit comme « l’un des écrivains les plus exceptionnels des temps modernes »rendre hommage dans un communiqué de presse à un auteur « superbe »équipé du « Le courage moral de confronter la société irlandaise à des réalités longtemps ignorées »un « Un diseur de vérité intrépide ».

Finaliste des prix étrangers Médicis et Femina

Deux fois finaliste en France pour les prix étrangers Médicis et Femina pour son autobiographie « Fille de la campagne » (2013) et son roman « Les petites chaises rouges » (2016), l’Irlandaise a reçu en 2018 le « Prix Nabokov pour la réussite dans la littérature internationale »l’un des prix PEN américains les plus prestigieux, pour « ayant brisé les barrières sociales et sexuelles érigées contre les femmes en Irlande et bien au-delà ».

Le jury du Prix Femina lui a décerné un prix spécial pour l’ensemble de son œuvre en 2019. Son premier roman, « Filles de la campagne »l’histoire de l’initiation sexuelle de deux jeunes filles, a fait scandale dans son pays d’origine en 1960. Il a été interdit dans les librairies de Dublin et parfois brûlé pendant « manque de religion et de pornographie »Les six suivants subiront le même sort.

« Mes premiers livres ont été massacrés et interdits en Irlande », elle a confié au quotidien français Libérer. « Je n’aurais pas pu les écrire là-bas. J’aurais eu trop peur de l’Église, de l’État, de mes voisins, de ma famille. »a expliqué la femme qui a quitté son île à l’âge de 28 ans.

Dans ses vingt romans, l’Irlandaise dépeint son pays comme un personnage violent et rétrograde. Avec son langage cru et lyrique, elle explore l’intimité des femmes sacrifiées par une éducation qu’elle juge répressive et médiévale.

Accusée de se complaire dans cette Irlande désuète qui ne correspond plus à l’Irlande contemporaine, elle affirmait en 2000 que les changements profonds tardaient à venir. « Il suffit de se rendre dans les tribunaux du pays qui traitent des litiges fonciers, de parler aux prisonniers ou aux anciens prisonniers de l’IRA, ou d’assister aux débats haineux des groupes anti-avortement. ». C’était cependant avant la libéralisation de l’avortement en 2018, après la légalisation du mariage homosexuel en 2015.

Colette Irlandaise

Philip Roth, un ami qui la comparait à Faulkner, a écrit à son sujet : « Seule Colette avait réfléchi de cette façon sur l’ardeur de la femme indépendante dans sa vie de femme et d’écrivain. »

Née le 15 décembre 1930 dans une ferme de la lande du comté de Clare (ouest) d’un père alcoolique et d’une mère qui aimait écrire mais pensait que c’était un péché, la jeune Edna allait bientôt s’affranchir de ses liens. Arrivée à Dublin pour poursuivre ses études après une enfance solitaire et des années dans un pensionnat tenu par des religieuses, la jeune pharmacienne diplômée en 1950 découvre la littérature avec passion. Cette grande rousse aux yeux verts fixés sur des pommettes saillantes épouse en 1954 – contre la volonté de ses parents – Ernest Gébler, un écrivain avec qui elle s’installe à Londres en 1958.

Mais le couple se dégrade rapidement : son Pygmalion accepte mal le succès des « Filles de la campagne ». Elle demande le divorce et obtient la garde de ses deux fils, non sans mal. Ses compatriotes parlent d’elle comme d’une sorcière.

Un univers de violence

La rebelle, condamnée à l’exil, devient bientôt une écrivaine célébrée à l’étranger et dont la beauté ne laisse pas indifférents les héros du « Swinging London » des années 60. Dans son autobiographie écrite à 80 ans, elle raconte sa vie tourmentée et passionnée, les visites impromptues de Paul McCartney jouant de la guitare pour ses fils, sa nuit mémorable avec Robert Mitchum, son amour platonique avec Marlon Brando, son écriture sous LSD.

Elle se lie ensuite d’amitié avec Jackie Onassis, séjourne à New York et dans des hôtels parisiens où elle rencontre Marguerite Duras et Samuel Beckett. Elle évoque son retour difficile en Irlande, sa découverte de Belfast en pleine guerre civile.

La violence sous toutes ses formes imprègne l’univers fictionnel de l’Irlandaise : le terrorisme quotidien La Maison du Splendide Isolation (1994), le terrorisme familial de l’inceste dans Tu ne tueras pas (1996), le crime odieux d’un meurtrier schizophrène Dans la foret (2002) ou l’enlèvement d’une femme nigériane par Boko Haram en Fille (2019).

En écrivant, elle confiait à la New York Times En 2016, c’était aussi vital pour lui que de respirer. « Ils me porteront à terre, je changerai toujours un mot. Parce que le mot absolument juste existe toujours. »

Malagigi Boutot

A final year student studying sports and local and world sports news and a good supporter of all sports and Olympic activities and events.
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