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Leçons des premiers immigrants juifs en Palestine

Leçons des premiers immigrants juifs en Palestine
La Vieille Ville de Jérusalem, mars 2015.

LL’émergence progressive du sionisme, en tant que mouvement prônant le rassemblement du peuple juif en terre d’Israël, a été particulièrement complexe. En effet, c’est d’abord le courant évangélique du protestantisme anglo-saxon qui, à partir du milieu du XIXème siècle,e siècle, prônait une forme de sionisme chrétien, selon laquelle l’accomplissement des prophéties bibliques dépend de la « restauration » du peuple juif en Terre Sainte. Ce n’est qu’à partir de 1882 que les Amoureux de Sion et d’autres groupes de militants juifs de l’Empire russe organisèrent, en réponse à la vague de pogroms antisémites, une première vague d’émigration vers la Palestine ottomane.

C’est par le terme hébreu dealya ce qu’on appelle cette « ascension » vers Eretz Israëlla « terre d’Israël ». Les autorités ottomanes estimaient alors la population de la Palestine à 465 000 habitants, dont 405 000 musulmans, 45 000 chrétiens et 15 000 juifs. Ces statistiques, établies à des fins fiscales, ne prennent en compte ni les Bédouins, ni les quelque 9 000 Juifs de nationalité étrangère, ni ceux bénéficiant de la protection d’un consulat européen à Jérusalem.

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Des pionniers trop méconnus

Cette première alya a trop souvent été négligée, car elle anticipe la conceptualisation du terme « sionisme » (en 1890, par Nathan Birnbaum) et la fondation officielle du mouvement sioniste (en 1897, à Bâle, à l’initiative de Theodor Herzl). . Elle est, en outre, marquée par le caractère hétérogène des mouvements, souvent concurrents, qui la composent : les Amoureux de Sion, menés depuis Odessa, qui tentent de détourner vers la Palestine une partie, même limitée, du flux d’émigration juive vers la Palestine. États-Unis; le Bilu, animé de Kharkiv et désigné par l’acronyme hébreu « maison de Jacob, va et nous irons » ; les Fils de Moïse, disciples d’Asher Guinzbourg, né près de Kiev, qui ont choisi d’hébraiser son nom en Ahad Haam, ou « un du peuple ». La dimension ukrainienne de cette première alya est fondamentale, tout comme sa détermination à transformer l’hébreu de langue religieuse en langue nationale.

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Le volontarisme d’une telle hébraisation est porté par le slogan énoncé depuis Jérusalem par Eliezer Ben Yehouda : « Un peuple, une terre, une langue ». Ce triptyque fait écho à différents nationalismes européens, établissant un lien indéfectible entre le peuple juif, la terre d’Israël et l’hébreu moderne. Mais les pionniers de cette première alya, eux-mêmes divisés, doivent faire face à l’hostilité des communautés juives établies de longue date en Palestine et vouées à l’étude et à la prière dans les écoles rabbiniques de Jérusalem, Hébron, Safed et Tibériade.

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