L’économie européenne confirme son rebond au printemps, mais continue de susciter des inquiétudes
L’Europe a confirmé le rebond de son économie au deuxième trimestre, résistant à la faiblesse de l’Allemagne, mais l’inquiétude grandit pour le reste de l’année malgré un effet positif attendu des Jeux olympiques organisés en France.
La croissance économique de la zone euro a été supérieure aux attentes entre avril et juin, avec un PIB en hausse de 0,3% par rapport aux trois mois précédents, a annoncé mardi Eurostat.
Les analystes interrogés par Bloomberg et Factset s’attendaient en moyenne à un léger ralentissement à 0,2%.
L’amélioration amorcée cet hiver s’est donc poursuivie au printemps.
Au premier trimestre, la zone euro avait déjà enregistré une hausse de 0,3% de son produit intérieur brut (PIB), sortant de la stagnation dans laquelle elle était plongée l’an dernier, selon les chiffres de l’Institut européen de la statistique.
Pour l’ensemble de l’Union européenne, la croissance a également maintenu au deuxième trimestre le rythme de 0,3% atteint au début de l’année.
Mais les divergences entre pays sont marquées, ce qui pourrait constituer un casse-tête pour la Banque centrale européenne (BCE) qui doit définir une politique monétaire adaptée à l’ensemble des 20 pays partageant la monnaie unique.
Ainsi, parmi les grandes économies du Vieux Continent, l’Allemagne se démarque négativement et freine ses partenaires. Son PIB a reculé de 0,1% au deuxième trimestre. Depuis deux ans, la première économie européenne souffre notamment des difficultés de son industrie, soumise à des coûts énergétiques élevés.
La France (+0,3%), dans la moyenne européenne, fait légèrement mieux que l’Italie (+0,2%), tandis que l’Espagne affiche l’un des taux de croissance les plus élevés, à 0,8%.
Le ministre français de l’Economie, Bruno Le Maire, a salué une « excellente performance de l’économie française », soulignant que la croissance cumulée en 2024 avait déjà atteint la prévision du gouvernement de 1% fixée pour l’ensemble de l’année et pourrait donc à terme la dépasser.
– Derrière la Chine et les États-Unis –
Dans l’ensemble, la croissance européenne reste toutefois bien inférieure à celle des États-Unis et de la Chine, les deux géants affichant une croissance du PIB de 0,7% au deuxième trimestre, soit plus du double de celle de l’UE.
Pour l’ensemble de l’année 2024, le Fonds monétaire international (FMI) prévoit une croissance de 0,9% dans la zone euro, contre 2,6% aux États-Unis et 5% en Chine.
Alors que les experts tablaient sur une accélération de la croissance européenne au second semestre, leurs espoirs ont été douchés par les indicateurs récents.
En particulier, l’indice PMI, publié la semaine dernière par S&P Global, a fait état d’une « quasi-stagnation » de l’activité du secteur privé en juillet.
Alors que l’Allemagne souffre de faibles performances manufacturières et « peine à retrouver le chemin de la croissance, l’économie française bénéficie des retombées économiques des Jeux olympiques », souligne Cyrus de la Rubia pour la Hamburg Commercial Bank (HCOB).
« Les dernières enquêtes suggèrent que les perspectives de croissance sont faibles », s’inquiète Jack Allen-Reynolds de Capital Economics, malgré un effet Jeux olympiques qui devrait, selon lui, ajouter 0,2 point à la croissance française au troisième trimestre et 0,04 point à celle de la zone euro.
Ce coup de pouce disparaîtra à la fin de l’année, souligne-t-il.
« L’économie de la zone euro est un peu comme la qualité de l’eau de la Seine : certains jours, elle peut sembler correcte, mais dans l’ensemble, elle est suffisamment mauvaise pour que nous nous en inquiétions constamment », explique Bert Colijn de la banque ING.
Selon lui, cela pourrait finalement inciter la BCE à continuer de baisser ses taux d’intérêt, qui se situent toujours à un niveau très élevé et qui freinent l’économie. L’institution de Francfort veut s’assurer que l’inflation est à nouveau sous contrôle avant d’agir. Toutefois, « la demande intérieure ne devrait pas provoquer une forte poussée inflationniste », souligne M. Colijn.
Eurostat doit publier mercredi le chiffre de l’inflation de la zone euro pour le mois de juillet. En juin, elle avait légèrement baissé à 2,5% sur un an.
Les experts s’inquiètent également de la pénurie de main d’œuvre, le taux de chômage étant à un niveau historiquement bas de 6,4 % de la population active dans la zone euro.
publié le 30 juillet à 12h52, AFP