La machine allemande ne redémarre pas. Certes, la plus grande économie de la zone euro semble avoir laissé la récession derrière elle, mais aucune reprise forte, susceptible de compenser le déclin de ces dernières années, n’est à attendre. Le conseil d’experts de l’économie allemande, ou « conseil des sages », un groupe de cinq économistes conseillant le gouvernement, a abaissé mercredi 15 mai ses prévisions de croissance, lors de son rapport économique de printemps.
Le pays devrait enregistrer une très légère augmentation de son produit intérieur brut (PIB), de 0,2 % en 2024 et de 0,9 % en 2025. Dans leur dernier rapport, il y a six mois, les « sages » prévoyaient une nouvelle progression de 0,7 %. « Ce sont de mauvais chiffres »a reconnu l’économiste Martin Werding, membre du conseil, qui compte cependant sur « une croissance très lente mais stable, qui devrait se poursuivre tout au long de l’année ».
La performance de l’économie allemande est plombée par un début d’année très décevant. Dans l’industrie et la construction, l’activité stagne faute de nouvelles commandes. La consommation reste hésitante, malgré la baisse de l’inflation. Le conseil estime que les hausses de prix devraient tomber à 2,4% en 2024 puis 2,1% en 2025, contre 5,9% en 2023, grâce à une baisse marquée des prix de l’énergie.
Deux facteurs aggravants
Cette baisse devrait contribuer à une baisse des taux d’intérêt courant 2024, ce qui devrait faciliter les conditions d’investissement, espèrent les économistes. Pendant ce temps, le commerce extérieur, une composante traditionnellement très importante du PIB allemand, continue de souffrir. « Il est frappant de constater que les exportations ont augmenté plus lentement que le commerce mondial »a souligné Veronika Grimm, également membre du conseil.
Cet écart est préoccupant. « Même si l’économie mondiale se redresse, les entreprises allemandes en profitent moins que par le passé. »relève Monika Schnitzer, présidente du conseil d’administration, citant deux circonstances aggravantes. « Les risques géopolitiques restent importants et les dépenses de l’État ne soutiennent pas l’activité, en raison de la consolidation budgétaire. » En raison de règles strictes en matière de dette publique, renforcées par la Cour constitutionnelle dans un arrêt rendu en novembre 2023, Berlin n’est ni en mesure de compenser une croissance atone ni de soutenir fortement l’investissement. Ces éléments expliquent pourquoi l’économie peine à se redresser, alors que le reste de la zone euro renoue avec la croissance.
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