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L’échec de l’équipe de France de water-polo, dépassée par les enjeux et les ratés individuels aux JO de Paris 2024

L’échec de l’équipe de France de water-polo, dépassée par les enjeux et les ratés individuels aux JO de Paris 2024

Ils sont assez forts pour vous assommer d’un coup de pichenette, mais vendredi soir, les golgoths du water-polo vacillaient sous le poids de la désillusion, à l’image de Thomas Vernoux, les yeux encore rougis par les larmes qui ont coulé après une défaite cuisante contre la Serbie (15-8). Les Tricolores jouaient leur survie dans le tournoi face aux doubles champions olympiques, ils se sont noyés devant les 6 000 spectateurs du Centre aquatique. « L’équipe de France olympique bat tous les records et quand on rentre au village, on a un peu honte, on a le syndrome de l’imposteur »a déclaré l’entraîneur Florian Bruzzo, « terriblement triste » pour ses joueurs.

L’atterrissage est d’autant plus brutal que les Bleus avaient affiché leur ambition, celle d’une médaille qui leur aurait permis de raconter la belle histoire d’un groupe de « chiens », moins doté de talents individuels mais pugnace et solidaire. Trois défaites en quatre matches, une élimination avant même le dernier match de poule contre l’Espagne lundi : les espoirs nés d’une sixième place aux Championnats du monde 2023 puis d’une quatrième aux Championnats du monde 2024 ont été brisés à Saint-Denis et il faudra du temps aux joueurs pour se remettre de cet échec, même si chacun savait qu’ils n’avaient aucune marge face aux meilleures nations.

« Cette équipe est faite pour cette compétition que nous attendons depuis trois ans, Vernoux rappelé. Il y en aura d’autres à venir, mais ce ne sera pas la même équipe. » Comprenez : une génération est appelée à enfiler la casquette bleue, celle de Mehdi Marzouki (37 ans), Rémi Saudadier (38 ans) ou Michaël Bodegas (37 ans). Après avoir sorti la discipline de l’anonymat et vécu les années de galère, les trajets en bus pour aller se faire tabasser à l’autre bout de l’Europe, eux et les autres s’étaient lancés dans la préparation olympique en s’entraînant « comme des malades, comme jamais auparavant dans nos vies »Marzouki chuchota.

Des moyens jamais vus auparavant

« Tout ce que je leur ai demandé depuis trois ans… »soupira Bruzzo, architecte d’un projet qui s’effondra. L’entraîneur avait pourtant réussi à fédérer tout le monde et avait « J’ai bénéficié de tout le soutien que permet le système sportif français »Jamais un staff n’avait réuni autant de personnes et de compétences avec, autour de Bruzzo, un assistant considéré comme l’un des meilleurs tacticiens du monde, le Croate Vjekoslav Kobescak, un kiné, un préparateur physique, un préparateur mental…

Mais quand il fut temps de plonger dans le bassin de Saint-Denis, « Nous avons été pris dans l’événement »a pensé Bruzzo, dont les joueurs n’auraient pas digéré le choc thermique entre les matchs quotidiens disputés devant la famille et le bain bouillonnant du Centre Aquatique. La défaite initiale contre la Hongrie (12-13) pourrait être imputée à la découverte. Mais pourquoi Ugo Crousillat et ses partenaires n’ont-ils jamais réussi à se libérer ?

« Le gamin a 22 ans et il devrait diriger le projet de l’équipe nationale ? »

Florian Bruzzo, à propos de Thomas Vernoux.

« Cela soulève des questions sur la façon dont nous aurions pu mieux aborder cet événement, mieux anticiper tout cela, Bruzzo l’a admis. « À l’arrivée, on a des gars qui doutent. » Y compris Vernoux, un facteur X qui n’a jamais réussi à desserrer l’étau adverse et a même échoué dans les moments clés, comme ce penalty manqué contre l’Australie alors que les Bleus étaient revenus à un but. « J’étais limité, frustré, j’ai essayé d’analyser la personne concernée. Physiquement, je ne me sentais pas très bien, mais c’était surtout dans ma tête que ça n’allait pas. Si j’ai du mal à trouver mon jeu au début, ça peut être compliqué à la fin. »

« Je ne vais pas l’accuser, Bruzzo tempéra. Le gamin a 22 ans et il doit porter tout le projet de l’équipe nationale ? Il a sa part de responsabilité mais comme tout le monde. On a basé notre projet sur le jeu d’équipe. Dès qu’il y en a un ou deux, et pas toujours les mêmes, qui ne prennent pas la bonne décision, le projet explose.

Les joueurs de polo ont deux jours pour quitter dignement le tournoi face à l’Espagne dans un match dénué de tout enjeu et dans une Paris la Défense Arena qui a vibré pendant une semaine aux prouesses du roi Léon. Un autre monde.

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