l’écart de niveau en mathématiques entre les garçons et les filles de 6e année continue de se creuser
Selon le baromètre du niveau des élèves à l’entrée au collège, publié jeudi, les résultats moyens des filles ne progressent pas, alors que ceux des garçons s’améliorent. De quoi aggraver un écart constaté dès le CP et jusqu’au lycée.
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Les évaluations nationales en 6e révèlent une nouvelle fois des différences de niveau en mathématiques selon le sexe. Comme chaque année depuis 2017, le ministère de l’Éducation nationale a publié, jeudi 7 novembre, les résultats de ces tests passés en septembre par les lycéens. Si l’écart de niveau entre garçons et filles n’est pas nouveau, avec un avantage pour les premiers, l’écart se renforce en 6e au fil des années, suscitant l’inquiétude rue de Grenelle.
En mathématiques, à la rentrée 2024, le score moyen des garçons était supérieur de 11 points à celui des filles (259 contre 248). En 2017, ces derniers n’étaient plus qu’à 4 points. Selon les courbes mises en ligne par le ministère, le creusement des inégalités entre filles et garçons s’est accentué à partir de 2020. « L’écart grandissant entre garçons et filles en mathématiques pose question »a estimé le ministère lors d’un point de presse. Il ne se prononce pas, pour le moment, sur les causes précises.
Dans le détail, ces courbes divergentes sont le résultat de garçons qui progressent vite (250 points en 2019 contre 259 en 2024), là où les filles stagnent (248 points en 2017, comme en 2024, et 247 en 2019). Cette évolution se traduit par une augmentation de la proportion de garçons dans les groupes les plus performants, qui passe de 30,1% en 2017 à 36,2% en 2024.
Même si le niveau global des filles est stable, elles sont de plus en plus nombreuses à appartenir aux groupes les moins performants (31,5% en 2017 contre 35,4% en 2024).
Le ministère a également dévoilé jeudi les résultats des évaluations de 4e, qui existent depuis 2023. Les mêmes disparités existent : les garçons obtiennent en moyenne 254 points en mathématiques, contre 244 pour les filles. On observe ici aussi que l’écart se creuse légèrement (+2 points par rapport à 2023), mais les données ne permettent pas autant de recul que pour les évaluations de 6e.
Surtout, ces disparités de genre concernant les mathématiques se dessinent dès l’entrée à l’école primaire, selon le ministère. « Au début du CP, on ne voit aucun écart entre les garçons et les filles. Mais à partir du milieu de l’année, les garçons prennent l’avantage sur les filles. » explique rue de Grenelle, qui précise à franceinfo que ce phénomène s’observe quel que soit le milieu social ou le lieu de vie.
Cet écart de niveau observé si tôt dans la scolarité est difficile à combler par la suite. Pour s’en rendre compte, outre les classes de 6e et de 4e, on peut regarder les résultats des évaluations nationales en classe de deuxième. Dans les filières générales et technologiques par exemple, en 2024, l’écart de niveau est encore plus marqué qu’au collège (+16 points en faveur des garçons). Depuis 2019, la réforme du lycée est également accusée d’avoir accru la moindre proportion de filles dans les options scientifiques en dernière année.
Les clichés véhiculés dans la société sont depuis longtemps tendance « exclure les jeunes filles des études scientifiques »rappelle un récent rapport de l’Académie des sciences. Elle est d’accord avec les conclusions du ministère, estimant que « ce problème commence pendant les années d’école primaire ».
Selon l’Académie, la faible formation scientifique des enseignants du primaire, qui sont majoritairement des femmes, a également un impact sur la manière dont les mathématiques sont enseignées. Les enseignants souffrent « forcément plus que les hommes, ce malaise envers la science chez les étudiants, et risque de transmettre cette image négative aux étudiants et notamment aux filles », est écrit dans le rapport.