Dans la grande famille des substances per- et polyfluoroalkylées (PFAS), l’acide trifluoroacétique (TFA) est longtemps passé sous le radar. Des résultats d’analyse, publiés mercredi 10 juillet par les associations du Pesticide Action Network (PAN Europe), devraient contribuer à faire mieux connaître le trigramme au grand public : ils révèlent la présence de cet éternel polluant non réglementé – et donc non surveillé par les autorités sanitaires – dans l’eau du robinet, ainsi que dans les eaux minérales consommées par les Européens.
Cette étude inédite fait suite à une première campagne de mesures menée par PAN Europe, qui avait mis en évidence, fin mai, une contamination généralisée des cours d’eau par les TFA dans toute l’Union européenne (UE). Au total, cinquante-cinq échantillons d’eau potable (trente-six eaux du robinet et dix-neuf eaux minérales ou de source) ont été prélevés dans onze pays (France, Allemagne, Autriche, Espagne, Belgique…) entre mai et juin. Les analyses ont été réalisées par le Centre de technologie de l’eau de Karlsruhe (Bade-Wurtemberg), référence dans la détection des PFAS.
Les résultats sont tout aussi inquiétants que pour les rivières et ruisseaux. Le TFA a été détecté dans trente-quatre des trente-six échantillons d’eau du robinet (94%) et dans douze des dix-neuf échantillons d’eau en bouteille (63%), dont une marque vendue en France.
« Notre étude révèle une menace invisible : le TFA contamine massivement l’eau potable en Europe »Les TFA retrouvés dans les eaux proviennent essentiellement de la dégradation de pesticides appartenant à la famille des PFAS (environ 12 % des substances actives des pesticides de synthèse autorisés dans l’UE) et de gaz fluorés utilisés dans les systèmes de refroidissement (réfrigérateurs, climatisation). Les rejets industriels des fabricants de TFA et des stations d’épuration sont d’autres sources de contamination.
Avec une concentration de 2.100 nanogrammes par litre (ng/l), les niveaux de TFA mesurés dans l’eau du robinet à Paris sont parmi les plus élevés d’Europe, quatre fois plus élevés qu’à Salzbourg (Autriche) ou Potsdam (Allemagne). Un seul échantillon, prélevé en Haute-Autriche, présente un niveau supérieur avec un niveau record de 4.100 ng/l. L’échantillon analysé dans la capitale concerne l’unité de distribution de la zone Est, qui alimente un tiers de Paris. L’eau de ce secteur est puisée dans la Seine, la Marne et la Vanne avant d’être traitée.
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