Le XV de France en ébullition
LLes réveils sont décidément douloureux pour le rugby français. Ce mardi matin, la presse argentine révélait que deux joueurs du XV de France actuellement en tournée dans le pays, rapidement identifiés comme étant le troisième ligne du Stade Rochelais Oscar Jegou (21 ans) et le deuxième ligne de la Section Paloise Hugo Auradou (20 ans), sont visés par une plainte pour «…
LLes réveils sont décidément douloureux pour le rugby français. Ce mardi matin, la presse argentine révélait que deux joueurs du XV de France actuellement en tournée dans le pays, rapidement identifiés comme le troisième ligne du Stade Rochelais Oscar Jegou (21 ans) et le deuxième ligne de la Section Paloise Hugo Auradou (20 ans), font l’objet d’une plainte pour « abus sexuel aggravé » (l’équivalent d’un viol dans le droit français). Hier soir, la procureure Daniela Chaler a précisé que « les blessures sont compatibles avec son récit, mais ne relèvent pas forcément exclusivement d’une agression sexuelle ».
Jegou et Auradou ont été interpellés à Buenos Aires par la police lundi (dans la nuit en France avec le décalage horaire) et doivent être transférés mercredi à Mendoza où les faits se seraient déroulés dans l’hôtel où séjournaient les Bleus, dans les heures qui ont suivi le premier test-match remporté contre les Pumas (28-13). Ils seront ensuite interrogés avant une éventuelle mise en examen.
Si les faits se confirment – les joueurs, par l’intermédiaire de leur entourage, parlent d’une relation consentie, selon RMC Sport – ils seraient « incroyablement graves » pour le XV de France et le rugby national, a réagi Florian Grill, peu après son arrivée en Argentine dans la nuit de lundi à mardi. « Il faut avoir une pensée pour la jeune femme. C’est le contraire de tout ce qu’est le rugby, de tout ce que fait le rugby, de tout ce que construit le rugby. »
Deux jours après l’affaire Jaminet
Le président de la Fédération française de rugby est apparu hébété par l’accumulation des cas. Car dimanche soir, en pleine nuit électorale, un premier scandale a été révélé : une vidéo sur le compte Instagram de Melvyn Jaminet dans laquelle l’arrière du RC Toulon et de l’équipe de France tient des propos ouvertement racistes : « Ma daronne (ma mère, ndlr) qui me demande si j’ai fait la fête. Je vous jure que le premier Arabe que je croise sur la route je le frappe avec mon casque ». Le joueur s’est alors excusé mais a rapidement été exclu du groupe français et sera bientôt reçu par son club en vue de sanctions.
Pour le XV de France, dont une partie est en Uruguay pour disputer ce mercredi soir un match qui n’a pas valeur de test-match – celui de samedi à Buenos Aires est toujours maintenu -, la tempête est rude. Elle avait déjà été forte en septembre 2023 en pleine Coupe du monde avec la polémique autour de la sélection du deuxième ligne montpelliérain Bastien Chalureau. En juin 2023, son ancien coéquipier à Montpellier, et également ancien international, Mohamed Haouas avait été condamné pour violences à 18 mois de prison, dont 9 ferme, pour violences aggravées sur sa femme.
Des « valeurs » mises à mal
Concernant Jegou et Auradou, les faits reprochés rappellent ceux qui avaient conduit à renvoyer cinq rugbymen grenoblois devant la cour d’assises de Bordeaux en décembre 2024, dont trois pour le viol collectif d’une étudiante dans un hôtel de Mérignac au lendemain d’un match disputé à Bordeaux contre l’UBB en 2017. Comme à Mendoza, la question du consentement sera au cœur des débats.
Quelles que soient leurs conséquences, et sans généraliser, cette succession d’affaires met à mal les fameuses « valeurs rugbystiques » (trop) souvent brandies par le monde du rugby pour se différencier des « footballeurs », notamment. S’il est vrai que l’ambiance dans les stades et le respect sur le terrain sont bien plus exemplaires, le rugby ne peut plus échapper à un examen de conscience face à des comportements extra-sportifs problématiques et répétés.