Le Xinjiang, « laboratoire du modèle de surveillance chinois »
Trouver la vérité au Xinjiang est difficile. Les Ouïghours, minorité turque et musulmane de la région chinoise, sont depuis longtemps discriminés par la majorité han du pays. L’arrivée au pouvoir de Xi Jinping en 2012 et son impératif d’autorité n’ont pas arrangé les choses, et les systèmes de surveillance se sont multipliés au Xinjiang. D’où la difficulté d’entrer en contact avec les habitants, comme le raconte Rémi Castets, maître de conférences à l’université Bordeaux Montaigne et spécialiste du Xinjiang.
Cela fait dix ans qu’Ilham Tohti a été condamné à la prison à vie, deux ans après l’arrivée au pouvoir de Xi Jinping. Quelles sont les conditions de vie des Ouïghours aujourd’hui et ont-elles évolué depuis 2012 ?
Certes, certains Ouïghours ont rejoint le Parti communiste chinois (PCC) par conviction ou par opportunisme. Mais beaucoup ont longtemps continué à rêver d’indépendance. Aujourd’hui, de manière réaliste, beaucoup se contenteraient d’une véritable autonomie politique qui permettrait de mettre en place un modèle de modernisation, de préserver leur culture et de limiter l’ampleur de la colonisation démographique.
Pourtant, Xi Jinping se fait le défenseur d’une reprise de l’autorité du parti sur la société. Il dénonce le manque de pilotage de ses derniers prédécesseurs, ou en tout cas le fait que le parti, petit à petit, a perdu son contrôle et sa légitimité. Il se présente donc comme un homme fort, pour qui la contestation au Xinjiang est intolérable.
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