Le viol, une arme pour terroriser la population civile haïtienne
DOSSIER – Si les hommes sont aussi victimes, les filles et les femmes déplacées sont les plus exposées. Plus de 70 % des incidents seraient commis par des membres de gangs.
Au milieu du brouhaha ambiant, une jeune femme s’affaire en vain à nettoyer les marches crasseuses de l’escalier, sur lesquelles dort un homme. Il faut l’éviter et ne pas glisser sur le savon, pour pouvoir arpenter les allées bondées du ministère de la Culture et de la Communication, devenu en mars un camp de déplacés pour une partie de la population de Carrefour Feuilles, un quartier ouvrier Quartier de grande classe, dirigé par différents gangs. Le bâtiment, sans électricité, abrite 1 650 personnes serrées comme des animaux. Parmi eux, Rachel Pierre, 40 ans, et ses 7 enfants vivent, tant bien que mal, devant l’entrée, au sol.
Arrivée le 3 avril, la famille a quitté Cité-Soleil en novembre 2022, suite à une attaque de gangs, et s’est d’abord réfugiée place Hugo-Chavez, comme des centaines d’habitants du plus grand bidonville d’Haïti. Assommeuse et enceinte de quatre mois, Rachel Pierre est agressée par trois hommes armés. Ils l’ont battue, puis violée…