le vignoble bordelais tremble et craint un retour des impôts
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le vignoble bordelais tremble et craint un retour des impôts

le vignoble bordelais tremble et craint un retour des impôts

LLe retour de Donald Trump à la Maison Blanche va-t-il dévaster encore davantage le vignoble bordelais ? La réélection du président des Etats-Unis ravive en tout cas un très mauvais souvenir pour un secteur déjà frappé par de multiples crises. La mise en place d’une taxe sur les vins tranquilles français de 25 %, de l’automne 2019 au printemps 2021, a eu de lourdes conséquences sur l’économie viticole girondine. Bernard Farges, alors président du Conseil interprofessionnel du vin de Bordeaux (CIVB), estime le manque à gagner à une centaine de millions d’euros, auquel il faut ajouter de nombreuses pertes de marché. Ces droits de douane, en représailles à des conflits commerciaux très éloignés de la viticulture, comme le différend entre Airbus et Boeing, ont été suspendus par l’administration Biden jusqu’en 2026. Rien n’indique que les deux de Trump n’en reviendront pas sur le tapis.

A 6 000 kilomètres du Port de la Lune, Washington joue un rôle majeur dans la santé du vignoble bordelais. Les États-Unis, marché le plus attractif au monde pour le vin, restent la deuxième destination des vins de Gironde, tant en valeur qu’en volume, derrière la Chine. En vingt ans, les exportations ont augmenté de près de 30 %. Après avoir atteint un record en 2021 suite à la suspension des taxes Trump (247 000 hectolitres exportés), le nombre d’expéditions reste toujours élevé (plus de 200 000 hectolitres l’an dernier) et flirte avec le chiffre d’affaires réalisé en Chine, avec près de 370 millions d’euros valorisés en 2023. « Cela reste un marché mature, composé de connaisseurs où les vins sont vendus relativement chers », souligne Jean-Christophe Mau, à la tête du Château Brown (Pessac-Léognan), dont 20 % des vins rouges traversent notamment l’Atlantique. en Floride et à New York.

Cépages bordelais

Alors que les « swing states » jouent un rôle clé dans l’élection américaine, une dizaine d’États s’avèrent indispensables pour tirer Bordeaux vers le haut, notamment les plus riches : à l’est du pays donc, mais aussi en Californie et au Texas. Dans une dernière étude de marché datant du printemps dernier, l’interprofession du vin de Bordeaux pointait du doigt ses acheteurs potentiels, plutôt jeunes et aisés, avec une préférence pour les cépages bordelais (merlot, cabernet sauvignon ou sauvignon blanc). . Parmi les menaces qu’elle a énumérées figuraient l’année électorale et « le retour possible d’une politique plus protectionniste ».

Nous y sommes. En cas de retour d’un droit de douane, Régis Falxa s’attend à une nouvelle explosion alors que les vignerons indépendants, dont il préside le syndicat au niveau départemental, exportent à 70 % et que le marché américain reste premier en termes de chiffre d’affaires. « Ce qui est exaspérant, c’est de se retrouver au cœur d’une situation que nous ne pouvons pas contrôler », déclare le représentant syndical, faisant écho au conflit aéronautique entre Airbus et Boeing qui a finalement plombé la viticulture française de plusieurs centaines de millions d’euros.

« Ne vous laissez pas abattre »

Quant à l’Union des grands crus de Bordeaux, le président Ronan Laborde ne s’alarme pas de la menace d’un retour de la taxe aux Etats-Unis. Les meilleures bouteilles girondines y sont pourtant plébiscitées : c’est leur premier marché en volume et leur deuxième en valeur. « Nous sommes plutôt dans un marché créatif, en croissance avec des propriétés proactives et des commerçants bien structurés », précise le propriétaire du Château Clinet, à Pomerol. « En 2020, si la taxe avait freiné notre dynamique, elle ne l’avait en aucun cas brisée. Si cela revient, il ne faudra pas se laisser vaincre, nous aurons les moyens de lutter. » L’Union des grands crus organise également une tournée américaine en janvier prochain, pour défendre son millésime 2022.

Au Château Brown, à Léognan, Jean-Christophe Mau rappelle à quel point la taxe Trump, entre 2019 et 2021, avait fait « beaucoup de mal ». À la maison et aux alentours. « Mais nous n’en sommes pas encore là, je pense qu’il aura d’autres préoccupations », poursuit-il, tout en relevant une bonne nouvelle : la conclusion des élections américaines a fait bondir le dollar. « Plus le dollar est fort, moins les vins de Bordeaux sont chers pour les consommateurs américains », sourit l’exploitant. Ce qui pourrait booster les ventes. « L’arrivée de Trump peut donc être une bonne chose commercialement », poursuit-il. Si, bien sûr, le dollar reste fort, et si la fiscalité ne voit pas le jour. Ce qui fait beaucoup de si… »

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