Il y avait déjà eu une répression des manifestations dans les jours qui ont suivi l’élection, fin juillet. On a encore enregistré 25 morts et 2 400 arrestations. Mais depuis la semaine dernière, le régime a choisi d’utiliser la loi pour tout enfermer.
Jeudi, le Parlement, à la merci du gouvernement, a voté un texte liberticide sur les ONG, qui doivent désormais justifier de leur financement. Hier, les députés devaient commencer par l’examen, finalement reporté, d’une autre loi dont le but est d’interdire certains partis politiques. Et puis Maduro a toujours l’idée d’interdire certains réseaux sociaux.
Comment l’opposition réagit-elle à ces restrictions ?
Elle se bat ou plutôt lutte pour continuer à exister. Ce n’est pas facile car une enquête criminelle a été ouverte contre ses dirigeants. Ils sont donc obligés de se cacher pour éviter d’être arrêtés.
Malgré tout, elle continue d’organiser des manifestations, comme samedi dernier à Caracas. Elle continue aussi à dire que les résultats des élections ont été truqués, ce que confirme un rapport de l’ONU. Et elle répète que c’est son candidat, Edmundo González, qui a remporté les élections.
Ensuite, ni lui ni Maria Corina Machado, l’autre leader de l’opposition, n’appellent à la révolution. Gonzalez, il y a deux jours, a simplement demandé à Maduro de se retirer pour faciliter la transition. S’il passe par cette voie douce, c’est parce que la voie dure avait déjà été tentée en 2018-2019, encore une fois après une élection présidentielle contestée. Et elle avait échoué. Le régime avait capitulé et nous en étions finalement sortis plus forts.
Alors là, en parallèle de la contestation, ils tentent la voie de la conciliation. C’est aussi ce que font plusieurs pays de la région, comme le Brésil ou la Colombie, qui jouent les médiateurs. Lula a notamment proposé que de nouvelles élections soient organisées. Et que lui a répondu Maduro ? Qu’il n’en était pas question. Cela a d’ailleurs assez agacé le président brésilien. Mais bon, Lula, pas plus que le Petro colombien, ne veut que la crise dégénère en violence. Parce qu’ils savent que potentiellement, cela signifierait une nouvelle vague migratoire, alors que leurs pays ont déjà été touchés par le départ de 7 millions de Vénézuéliens en 10 ans. Et puis, tous deux sont des présidents de gauche, pas forcément en phase avec l’opposition vénézuélienne, qui est très néolibérale.
Donc, au final, tout cela arrange plutôt Maduro. D’autant que, par ailleurs, les pays occidentaux sont assez mesurés. Alors, c’est vrai, ils contestent aussi l’élection et ils n’ont pas reconnu la victoire de Maduro. Mais ils ne vont pas beaucoup plus loin. Les États-Unis, par exemple, avaient menacé le Venezuela de nouvelles sanctions. Mais ils n’ont pas pris de mesures. Alors que peut-être à long terme, cette stratégie moins brutale se révélera la bonne. Mais pour l’instant, Maduro semble plutôt considérer cela comme un aveu de faiblesse.