« Quand on vous dit que vous n’aurez plus à travailler le lendemain matin, ça fait mal. » Comme les 18 autres salariés de France Inox industrie, Gilles Rigal vient d’être contraint de cesser son activité professionnelle au sein de cette usine située à Saubusse.
Dans la soirée du mercredi 2 octobre, les juges du tribunal de commerce de Dax se sont prononcés en faveur de la liquidation judiciaire de cette société. Reconnue pour ses cuisines professionnelles – comme le matériel utilisé par Anne-Sophie Pic dans « le meilleur restaurant du monde » selon Trip Advisor – l’entreprise, qui appartient au groupe Dhix depuis 2016, ne dispose plus de finances suffisantes. pour faire face à ses dettes.
« Cela fait déjà un mois qu’il ne nous reste plus de matériel dans l’entreprise. Les fournisseurs ne nous livrent plus et ne nous font plus confiance. Cela faisait un moment que nous n’avions pas compris où nous allions», confie Gilles Rigal. Parmi les plus anciens salariés de France Inox industrie, il accepte difficilement le choix de Denis Hugounenq. « Une reprise aurait dû être demandée dès le début de cette année : le chiffre d’affaires 2023 est bon et il nous reste plus de cent mille euros de commandes. »
Vente avortée
Ce type de procédure de sauvegarde, redressement lancé par l’ancien propriétaire fin 2016, avait permis la reprise de cette entreprise déjà menacée par le groupe dirigé par Denis Hugounenq. Sans que l’histoire puisse se répéter cette fois-ci, à l’écoute de cet entrepreneur d’origine corrézienne. « Plusieurs acheteurs potentiels se sont manifestés. Mais ils se sont retirés. La vente n’a pas abouti. »
« Le passif de France Inox est trop important et le carnet de commandes trop faible pour tenir financièrement »
Egalement propriétaire de MPS, une entreprise basée à Josse et spécialisée dans la conception de toilettes automatiques qu’il s’apprête à vendre, Denis Hugounenq assure « qu’il n’avait pas d’autres possibilités » que de déclarer une de ses entreprises en faillite. « Le passif de France Inox est trop important et le carnet de commandes trop faible pour tenir financièrement. Il faudrait remettre trop d’argent, plus de 500 000 euros », explique celui qui fut l’un des dix Néo-Aquitains de l’année 2021 dans les Landes.
Pour son entreprise, la dette se serait accumulée au cours des derniers exercices comptables, les capitaux propres étant tombés à moins de la moitié du capital social. « Des clients qui rechignent à payer, des factures d’énergie qui doublent, un étalement du PGE (prêt garanti par l’État, NDLR) qui nous a été refusé. Il devenait impossible de continuer. »
Paie de septembre
« Paies du mois de septembre payées », les 19 salariés de l’usine de Saubusse « ont posé leurs cartons » dans la matinée du vendredi 4 octobre. « Quelques-uns ont pu faire valoir leurs droits à la retraite. Mais la plupart d’entre nous devront signer le CSP que France Travail nous a présenté», déplore Gilles Rigal.
Alors que la liquidation de l’entreprise a été confiée par le tribunal de commerce à Me François Legrand, celui-ci doit désormais notifier aux salariés leurs licenciements. Il devra également connaître, d’ici deux mois, le montant total des créances de France Inox Industrie et aura alors pu estimer la somme de son actif.
Selon le porte-parole des salariés, « il y a beaucoup de matériel pour pas mal d’argent : avec une machine laser, des plieuses, des fers à souder ». Proposés aux enchères, ces outils destinés au travail de l’inox pourraient alors servir les intérêts des spécialistes de l’acier.