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« Le travail de la Ciivise va donner du fil à retordre aux détracteurs de la Ciase »


La Croix : La Commission indépendante sur l’inceste et la violence sexuelle contre les enfants (Civisé) a rendu son rapport vendredi 17 novembre. Il confirme notamment les conclusions de la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Église (Ciase),dont vous étiez président. Comment ce nouveau rapport fait-il avancer les choses ?

Jean-Marc Sauvé : Malheureusement, le rapport Ciivise confirme tout ce que nous disions en 2021 sur l’ampleur du phénomène des abus sexuels sur mineurs. Il rend compte en profondeur des abus dans le contexte intra-familial et approfondit la question du silence et de l’extrême difficulté qu’ont les victimes à briser ce silence.

L’intérêt du rapport Ciivise réside également dans l’approfondissement des travaux menés sur les conséquences des violences sexuelles sur les enfants, notamment les psychotraumatismes qui en résultent, avec des conséquences graves sur la vie personnelle, psychologique, sexuelle et familiale et, de manière dans un plus petit nombre de cas, sur la vie sociale et professionnelle. Notre analyse sur la « prévention d’être » victime se confirme pleinement.

Ce qui frappe à la lecture de ce rapport, c’est finalement l’extrême faiblesse de la réponse judiciaire. Moins de 1 % des incestes et moins de 3 % des viols aboutissent à des condamnations. Et même lorsque la justice est rendue, le pourcentage de condamnations est faible, car il s’agit de délits et de crimes dont la preuve est très difficile à apporter en l’absence d’aveux. Il était impératif que de telles conclusions émanent d’une commission gouvernementale.

Le rapport Ciivise confirme également qu’en ce qui concerne les violences sexuelles sur mineurs commises dans un contexte institutionnel, l’Église catholique est l’institution la plus représentée…

J.-MS : Cela va donner du fil à retordre aux détracteurs de la Ciase ! L’Église catholique est largement surreprésentée dans les violences sexuelles commises en dehors du cadre familial. Sur tous les chiffres que nos deux commissions ont avancés, nous sommes alignés.

Nos conclusions ne diffèrent que sur un point : les délais de prescription. La Ciase a écarté l’imprescriptibilité de ces délits, qui risquent de se retourner contre les victimes faute de pouvoir prouver des faits très anciens. Il mettait l’accent sur un processus autonome de reconnaissance et de réparation. Avec Édouard Durand (co-président de Ciivise, NDLR), nous en avons discuté. Il y a un consensus entre nous, même si des différences de sensibilité existent.

La méthodologie de Ciivise s’inspire largement de celle de Ciase. Avez-vous conseillé Édouard Durand tout au long de l’élaboration de ce rapport ?

J.-MS : Je connais Édouard Durand depuis 2019. Au début des travaux de Ciivise, j’ai moi-même été entendu et j’ai préfacé son livre (1). Nous n’avons cessé d’être en contact depuis, mais je n’ai pas été son conseiller occulte !

Sur la méthode, nous nous sommes mis d’accord sur deux points : le lancement d’un appel à témoignage confié à l’opérateur France Victimes et l’organisation d’une tournée en France pour contacter les victimes.

La Ciivise, avec les quelque 30 000 témoignages recueillis, participe-t-elle au mouvement pour la liberté d’expression ?

J.-MS : Assez ! Le travail de Ciivise a fait éclater le silence de plomb sur les violences sexuelles contre les mineurs. Depuis le début des années 2000, ce mouvement vers la liberté d’expression n’a cessé de prendre de l’ampleur. Nous le constatons dans les enquêtes sociales publiées au fil des années.

Sommes-nous arrivés au bout ? Je crois que nous nous rapprochons de la vérité et révélons l’obscurité de ce qui s’est réellement passé. Cependant, la libération de la parole est plus lente chez les personnes âgées : les moins de 40 ans parlent plus facilement que leurs aînés.

Peut-on désormais parler d’une prise de conscience politique sur les violences sexuelles contre les enfants ? Que reste-t-il à faire dans ce domaine ?

J.-MS : Le monde politique a enfin pris conscience de ce fléau. La Ciivise, en la replaçant dans le contexte sociétal, démontre la nécessité impérative de mettre en place des politiques publiques plus fortes, axées sur la prévention, la sanction, la prise en charge et la réparation. C’est fondamental. Je me félicite de son maintien et de l’élargissement de son mandat. Mais Ciivise doit aussi accompagner la mise en œuvre de ses recommandations.

Maintenant, je pense qu’on ne peut se passer d’un travail spécifique sur les instances de socialisation qui ont accueilli des mineurs : fédérations sportives, écoles publiques, protection de l’enfance et structures d’accueil collectif. comme les camps d’été. Le modèle de Ciase et Ciivise peut encore être utilisé ici aussi. Il est incompréhensible que de telles matières soient restées en dehors des études.

Il existe certainement des systèmes de collecte de parole dans ces cas-là. Mais qu’en est-il du passé ? Des victimes d’il y a dix, vingt ou trente ans ? Je pense que nous ne sommes même pas avec les victimes d’abus dans ces instances de socialisation. Ils doivent faire l’objet d’enquêtes indépendantes et approfondies.

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