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le transport aérien face au réchauffement climatique

Aéroports paralysés par des pluies torrentielles ou des chaleurs extrêmes, vols détournés par des incendies, retards incessants et violentes turbulences, on ne compte plus les incidents qui ont touché les avions ces dernières années. Les professionnels de l’aéronautique doivent s’adapter au changement climatique, qui a déjà des effets sur le transport aérien.

Le transport aérien s’engage à réduire ses émissions de gaz à effet de serre. Mais elle doit aussi s’adapter de toute urgence à ce changement climatique, qui a déjà des effets importants sur le secteur à travers le monde.

Aéroports inondés

L’IATA, l’association du transport aérien international, tient depuis le 2 juin sa 80e assemblée générale annuelle à Dubaï aux Émirats arabes unis. Si les 1.500 délégués saluent le retour des bénéfices avec un trafic supérieur pour 2024 aux niveaux d’avant-Covid, ils s’inquiètent des répercussions du réchauffement climatique sur l’aéronautique mondiale.

Le changement climatique provoque de plus en plus de pluies torrentielles. Et l’aéroport de Dubaï en a récemment fait les frais. Pourtant, emblématique par son développement exponentiel, l’aéroport d’Emirates a été envahi par les eaux à la mi-avril. Plus de 2 000 vols ont dû être annulés.

Pistes déformées par la chaleur

Moins d’un mois plus tard, les pistes de l’aéroport de Porto Alegre subissaient des inondations sans précédent dans le sud du Brésil. Les aéroports parisiens de Roissy et d’Orly ont dû fermer quelques heures le 1er mai en raison de violents orages.

Sans parler de la chaleur. On se souvient que durant l’été 2022, une canicule sans précédent au Royaume-Uni avait perturbé les opérations aériennes, l’aéroport de Luton avait dû fermer. La surface des voies s’était déformée sous la chaleur, à plus de 40 degrés.

Des turbulences de plus en plus violentes

Lorsqu’il ne pleut pas, le climat continue également à se dégrader, avec de violentes turbulences, devenues de plus en plus fréquentes ces dernières années. LL’Afrique du Nord, le Moyen-Orient et l’Extrême-Orient sont des zones à risque. Les passagers d’un vol Londres-Singapour l’ont appris à leurs dépens le 21 mai 2024. Un homme est mort et des dizaines de personnes ont été blessées.

« Avec le réchauffement climatique, nous assistons à une intensification de l’écart de température nord-sud. » explique Mohamed Foudad, l’un des chercheurs toulousains, spécialiste de l’atmosphère du vent. « Cela a pour effet d’augmenter le cisaillement vertical du vent qui génère les turbulences. Le problème est que ces turbulences par temps clair sont quasiment indétectables pour les pilotes. »

Lire : AVIONS : Des turbulences de plus en plus violentes, comment le réchauffement climatique met à mal le transport aérien

30% de retards dus à la météo

« Les turbulences sont un problème de sécurité, mais elles coûtent également des millions de dollars aux entreprises » en causant des dégâts aux avions, estiment les spécialistes. Et si l’on ajoute à cela les incendies, comme au Canada, qui génèrent des turbulences et qu’il faut éviter, le réchauffement climatique pèse très lourd sur les budgets des compagnies aériennes. En 2023, 30 % des retards de vols européens étaient dus aux conditions météorologiques, contre 11 % en 2012.

« Les impacts du changement climatique se font déjà sentir dans de nombreux aéroports »a expliqué à l’AFP Alexandre de Joybert, directeur du développement durable à l’ACI Europe qui regroupe 500 aéroports européens et développe actuellement un cadre pour les aider à planifier leurs investissements en fonction des évolutions météorologiques futures. « Nous devons planifier dès maintenant ce qui se passera dans 50 ans. »

Des solutions à trouver

Les projets concernent des pistes surélevées dans les zones côtières, des systèmes d’évacuation des eaux de pluie recalibrés ou des revêtements plus résistants aux canicules. « Tout nouveau projet d’amélioration ou de modernisation intègre ces critères », affirme Alexandre de Joybert. Depuis 2018, l’IATA a également adopté « Turbulence Aware », une base de données mondiale d’informations en temps réel sur les turbulences, alimentée par des capteurs embarqués sur les avions en vol.

L’association IATA estime les investissements nécessaires en Europe à 360 milliards d’euros d’ici 2040, pour progresser dans la décarbonation des activités au sol, avec un objectif de zéro émission nette en 2050, mais aussi pour adapter les aéroports et les voies d’accès au changement climatique.

Ray Richard

Head of technical department in some websites, I have been in the field of electronic journalism for 12 years and I am interested in travel, trips and discovering the world of technology.
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