L’Arcep révèle une décélération de la consommation de bande passante en France. Le recul du streaming mais aussi les efforts sur la compression et l’optimisation du trafic semblent en être la principale raison.
En 2023, le trafic entrant sur les réseaux d’Orange, Free, SFR et Bouygues a augmenté de 7,6 %, contre 21,5 % en 2022, 25 % en 2021 et 50 % en 2020. La nouvelle édition de l’État de l’internet en France de l’Arcep est sans appel : les FAI qui ont beaucoup investi pour gérer un trafic en croissance connaissent aujourd’hui un ralentissement. Cette décélération de la consommation de bande passante est quelque peu historique, car même avant la pandémie, le trafic augmentait encore à un rythme à deux chiffres.
Cette tendance émergente paraît pour le moins paradoxale à l’ère de TikTok et du streaming. Pourtant, le trafic entrant sur le réseau des opérateurs continue de croître, atteignant un cumul de 46,5 Tbit/s à fin 2023. Le régulateur note également que ce ralentissement est cohérent avec l’évolution de la consommation de données mobiles, qui se trouve dans la même situation. Selon l’Autorité, ce recul s’explique « par l’évolution de la demande », comme « la faible croissance de la part des abonnés à au moins un service de vidéo à la demande (56 %, +1 point en un an), après plusieurs années de forte croissance », mais aussi d’un autre côté, « par les efforts entrepris par certains acteurs de contenus en matière de compression et d’optimisation du trafic. » On pense notamment à des serveurs CDN internes directement dans les réseaux des opérateurs par certains acteurs. Netflix a par exemple installé 80 points d’interconnexion en France, rapporte Les Echos.
Les CDN (Content Delivery Networks) sont des systèmes qui optimisent la transmission de contenu en utilisant un réseau de caches qui stockent temporairement le contenu aussi près que possible de l’endroit où il est demandé. « Cette approche permet de réduire la latence (le contenu se charge plus rapidement) et de répartir la charge (les requêtes sont réparties sur différents serveurs de cache) lorsque la demande est forte. »explique l’Arcep, qui collecte depuis 2016 des données sur ces systèmes afin de prendre en compte cette nouvelle forme d’interconnexion. Entre 2016 et 2023, le trafic interne des CDN a été multiplié par plus de dix, passant de 0,82 Tbit/s à 11,37 Tbit/s. Pas moins de 20 % du trafic entrant vers les consommateurs transite par ces serveurs cache.
En 2023, environ 53 % du trafic Internet en France provient de cinq acteurs majeurs : Netflix, Akamai, Facebook, Google et Amazon, même si une redistribution s’opère désormais vers de nouveaux acteurs comme TikTok. (ByteDance)
Cet article a été repris sur le site Univers FreeBox