Le titre TotalEnergies pourrait déménager à New York
Cette annonce intervient dans un contexte où l’entreprise, l’un des leaders français du secteur des hydrocarbures, voit son actionnariat évoluer. Les investisseurs américains semblent de plus en plus intéressés, contrairement aux Européens qui réduisent ou maintiennent leur participation. Actuellement, la part des actionnaires nord-américains est passée de 33% à 48% depuis 2012soulignant une attirance croissante pour les marchés américains.
Vers une relocalisation stratégique du listing TotalEnergies
Cette déclaration a suscité des réactions de colère, notamment en raison du timing. Elle a été réalisée juste avant que Patrick Pouyanné ne soit convoqué devant la commission d’enquête sénatoriale sur les engagements climatiques de TotalEnergies. La proposition, selon les mots du PDG, vise à répondre aux préférences des actionnaires majoritaires, qui pourraient être favorables à une cotation à New York, jugée plus favorable aux entreprises du secteur de l’énergie.
La réflexion sur le déplacement de la cotation intervient également à un moment où le débat sur les engagements climatiques de l’entreprise est plus vif que jamais. Patrick Pouyanné reproche à l’Europe son manque de soutien aux entreprises souhaitant faire la transition énergétique, tout en continuant à produire du pétrole et du gaz. Ces critiques se font entendre alors que l’Europe, à travers des voix comme celle du sénateur écologiste Yannick Jadot, remet en question l’intégrité des engagements de TotalEnergies en faveur du climat.
Entre affaires et politique, un équilibre fragile
Le contexte économique ne doit pas être négligé. La semaine précédant l’annonce, le ministre de l’Économie Bruno Le Maire a déclaré la création deune taxe rétroactive sur les rachats d’actions, pratique courante chez TotalEnergies. En 2022, le groupe a racheté pour 8,2 milliards d’euros d’actions, ce qui représente une part importante des rachats au niveau national. Ce contexte financier pourrait également jouer un rôle dans la décision finale concernant le déménagement de la cotation.
L’éventuelle cession de la cotation de TotalEnergies pose des questions sur l’équilibre entre impératifs économiques et engagements environnementaux. Si certains y voient une stratégie visant à maximiser les profits, d’autres craignent une dévaluation des responsabilités climatiques. Quoi qu’il en soit, la décision de TotalEnergies pourrait avoir des répercussions importantes sur la présence des grandes entreprises françaises dans l’économie nationale, et sur la perception de leur rôle dans la lutte contre le changement climatique.
Le PDG, face à ces enjeux, reste pragmatique : « Ce n’est pas de l’émotion, c’est du business… », une remarque qui résume bien la complexité et les multiples enjeux autour de cette décision stratégique. Les discussions à venir, notamment celles de la commission sénatoriale, pourraient être décisives pour l’avenir de la cotation de TotalEnergies.