Le tir des pierres
Il se trouve que samedi dernier nous fêtions saint Corneille, qui n’a rien à voir avec les corbeaux ni avec Pierre Corneille, mais qui fut pape pendant deux ans, il y a très très longtemps (il est mort en 253, figurez-vous). Mais alors les Bretons, qui ne font jamais rien comme les autres et aiment se raconter des histoires, ont transformé Corneille en Cornely. Et ont inventé une de ces légendes dont ils ont le secret. Alors, à la suite d’aventures assez obscures, Cornely (le pape, rappelons-le) se trouve poursuivi par les légionnaires de l’empereur romain Trébonien Galle. Accompagné de deux bœufs, qui lui donnent un sérieux coup de main, il (le pape, pas l’empereur) arrive enfin au bord de la mer, les soldats l’entourent, il est acculé. Et puis, à ce moment-là, il se retourne et, abracadabra, il pétrifie les soldats, c’est-à-dire qu’il les transforme en pierres.
Puisque l’affaire a eu lieu à Carnac, vous devinez la suite : oui, mesdames et messieurs, c’est ainsi que sont nés les fameux alignements, menhirs, dolmens et autres de Carnac, surnommés, selon la légende locale, « les soldats de Saint Cornély ». D’ailleurs, en hommage aux deux bœufs qui lui ont tenu compagnie jusqu’au bord de l’eau, Cornély est honoré du titre de saint patron du bétail. Et voilà, vous savez tout. En revanche, Saint Cornély n’a absolument rien à voir avec la pétrification de la vie politique française. Quoique… sait-on jamais.
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