« Le terrible pécheur, c’est (le pape), l’abbé Pierre, il est malade », répond l’association La Parole libérée au pape François.
Le souverain pontife s’est exprimé vendredi sur les accusations d’agression sexuelle contre l’abbé Pierre.
Publié
Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
« Le terrible pécheur est (le pape)Abbé Pierre, il est malade »s’attaque samedi 14 septembre sur franceinfo à François Devaux, fondateur de l’association « La Parole libérée », répondant ainsi au souverain pontife qui avait estimé que le fondateur d’Emmaüs, accusé par plusieurs femmes d’agressions sexuelles, était « un terrible pêcheur »Le pape s’exprimait vendredi à bord d’un avion de retour d’une tournée en Asie du Sud-Est et en Océanie. Il a déclaré que le Vatican avait été informé des accusations d’agression sexuelle contre l’abbé Pierre après sa mort. « Il n’est pas digne de confiance »réagit François Devaux. « Nous sommes dans la trahison ultime de la vie et des plus faibles »il a dénoncé.
franceinfo : Croyez-vous le pape quand il dit avoir pris connaissance des faits après la mort de l’abbé Pierre ?
François Devaux : Je crois qu’il n’est pas digne de confiance. Douze lettres ont été envoyées au pape, dont au moins deux lui ont été remises en mains propres, et il n’a jamais répondu à aucune. Le grand pécheur, c’est lui, l’abbé Pierre, il est malade. La recommandation de Jésus-Christ pour ces choses-là, c’est une botte de foin et une caution ! Il ne faut pas tout mélanger. Nous sommes dans la trahison ultime de la vie et des plus faibles. Il est temps que nous tournions le dos à cette institution.
Comprenez-vous cette immobilité ?
On est très très loin de la tolérance zéro qui est prônée. Il faut noter que le pape a refusé de rencontrer la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Eglise (CIASE) présidée par Jean-Marc Sauvé, qui a révélé que 200 000 à 300 000 victimes étaient encore en vie en France. Cela veut dire plusieurs millions à travers le monde. C’est l’enquête la plus complète qui ait été faite à travers le monde parce qu’il y a trois rapports de recherche et cette commission multidisciplinaire a enquêté sur la causalité de ces choses.
Le plus gros problème du pape, c’est la violence sexuelle au sein de son institution. Il a évité de rencontrer cette commission pour comprendre d’où vient le problème. Il y a des victimes qui sont très spécifiques à l’Église catholique. La majorité des victimes sont des petits garçons. Cela suffit pour comprendre qu’il y a un problème spécifique à l’Église catholique.
L’Eglise ouvre ses archives sur l’abbé Pierre, avec 75 ans d’avance. Des signaux sont envoyés. Est-ce positif, selon vous ?
Si l’Église n’avait plus peur de la transparence, elle n’ouvrirait pas seulement les archives sur l’abbé Pierre, mais sur tous les faits d’agressions sexuelles. La Commission Sauvé a identifié des milliers d’auteurs de violences. Ce n’est pas parce qu’il y a un symbole et des victimes qui parlent qu’il faut faire le ménage et faire un pseudo travail de transparence. Il y a un vrai travail de fond. Tout cela a été clairement établi par la Commission il y a trois ou quatre ans. On parle de confession pleine et entière pour absoudre un péché, mais on est encore très, très loin de cela.
Le pape François annonce qu’il rencontrera des victimes d’abus sexuels en Belgique. Est-ce un geste fort pour vous ?
J’ai été en contact avec un millier de victimes dans le monde. Je suis allé au Chili. Nous travaillons sur ce sujet depuis des années. Je connais trois victimes qui ont rencontré le pape, ce sont les Chiliens. Les autres, je ne les connais pas. Je n’en ai jamais entendu parler. Cependant, j’ai été en contact avec des gens dans le monde entier et nous avons mis en place des actions dans le monde entier. C’est toujours pareil, une fois qu’on est acculé… c’est exactement ce que fait le pape. Maintenant qu’on est pris, il faut être transparent. C’est un peu facile et c’est très loin de la théologie et de l’enseignement de Jésus-Christ.