« Le temporaire dure depuis vingt-deux ans »
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« Le temporaire dure depuis vingt-deux ans »

« Le temporaire dure depuis vingt-deux ans »
Un employé contrôle une machine dans la verrerie Arc, à Arques (Pas-de-Calais), le 9 septembre 2022.

Lorsqu’elle rejoint Phone Régie en 2002 comme réceptionniste réceptionniste en région parisienne, Géraldine (prénom modifié), alors âgée de 30 ans, est convaincue : ce métier  » manger «  payé le salaire minimum, qui lui permettait d’échapper au chômage, ne ferait que  » temporaire « . « Mais l’intérim dure depuis vingt-deux ans et je suis toujours au smic »elle dit.

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Il a été augmenté  » une fois  » par sa direction « une dizaine d’euros en 2010 »se souvient-elle, avant d’être rattrapée par le SMIC, indexé sur l’inflation. «A quoi ça sert de se battre avec la direction pour obtenir une augmentation, si c’est pour revenir au SMIC quelques temps plus tard ? »» demande cette mère de deux enfants, âgés de 10 et 18 ans.

Plus de 3 millions de salariés, soit près d’une personne sur cinq (17,3%) dans le secteur privé non agricole, sont actuellement rémunérés au salaire minimum (1.398,69 euros net par mois). Un niveau inédit – la proportion était de près de 12 % en 2021 – atteint en raison notamment de la flambée des prix et de la politique d’exonération de charges. Les rémunérations jusqu’à 1,6 fois le Smic sont exonérées de cotisations patronales, mais pas au-delà, ce qui n’incite pas les entreprises à augmenter les fiches de salaires. « Augmenter de 100 euros le revenu d’un salarié au Smic » il incombe aux entreprises de « payer 238 euros de plus »a résumé, le 30 janvier, à l’Assemblée nationale, le Premier ministre, Gabriel Attal.

« Manque de considération »

Les salariés, comme Géraldine, se retrouvent cantonnés au Smic tout au long de leur vie professionnelle. Dans une étude publiée en 2019 sur les trajectoires salariales des salariés au Smic entre 1995 et 2015, la direction de la recherche, des études et des statistiques estime que 20 % des salariés rémunérés autour du Smic y étaient depuis au moins deux ans.

Ce « phénomène de stagnation » se « se concentre sur une partie des salariés qui restent payés en permanence » salaire minimum, notamment les femmes et les travailleurs de plus de 50 ans. Et plus on passe de temps sur le SMIC, plus le risque de ne pas voir sa fiche de salaire changer est grand. Derrière cette absence d’évolution salariale, ces travailleurs au Smic, qui occupent le plus souvent des métiers difficiles (hôtellerie-restauration, grande distribution, logistique…), souffrent aussi. « de se retrouver coincés dans leur poste et de ne plus pouvoir connaître de mobilité ascendante au sein de leur entreprise », constate Lucas Tranchant, maître de conférences en sociologie à l’université Paris-VIII. Et il y a cette réalité moins visible, mais tout aussi tenace pour ces salariés, de « manque de considération » et de  » reconnaissance  » ce qui accentue leur amertume envers leur employeur, les interrogeant sur le sens même de leur travail.

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