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Le télescope James Webb détecte la première bombe puante de l’univers

Le télescope James Webb détecte la première bombe puante de l’univers

Dans la serie Constellation (diffusé sur Apple TV+), le protagoniste joué par Noomi Rapace est marqué par le fait que « L’espace ne sent rien »Les astrophysiciens ont peut-être découvert un recoin à 64 années-lumière de la Terre qui pourrait le faire reconsidérer son jugement, comme nous l’apprend un article de CNN. Peut-être qu’un petit coup de parfum ne ferait pas de mal de temps en temps.

Une équipe de chercheurs américains a publié le 8 juillet dans la revue scientifique Nature les résultats d’analyse des données du télescope James Webb, qui montrent la présence de sulfure d’hydrogène sur l’exoplanète géante HD 189733 b. Jusqu’à présent, cette molécule caractérisée par l’odeur d’oeuf pourri qu’elle génère n’avait jamais été identifiée en dehors du système solaire.

Plus proche de nous, on en avait trouvé en plus petite quantité sur Jupiter et les astrophysiciens soupçonnaient qu’il était possible d’en trouver sur d’autres géantes gazeuses. Cette découverte confirme donc leur hypothèse et, à travers le rôle clé du sulfure d’hydrogène dans la constitution de molécules plus complexes, pourrait permettre de mieux comprendre certains mécanismes de formation planétaire, au-delà même du système solaire.

« La haute précision et la capacité infrarouge du télescope James Webb nous permettent de détecter pour la première fois du sulfure d’hydrogène sur des exoplanètes, ouvrant ainsi une nouvelle fenêtre spectrale pour l’étude de la chimie du soufre atmosphérique des exoplanètes. Cela nous aide à comprendre de quoi sont constituées les exoplanètes et comment elles sont apparues. »explique Guangwei Fu, astrophysicien à l’Université Johns Hopkins de Baltimore, dans le Maryland, et co-auteur de l’étude.

Douches en verre

Identifiée en 2005, HD 189733 b n’a jamais été considérée (malgré son nom bucolique) comme un havre de paix. La planète, dix fois plus grosse que Jupiter, orbite très près de son étoile et est connue pour sa météo turbulente avec des températures autour de 926°C et des vents de plus de 8 000 km/h chargés de silicate. Quand on vit au quotidien avec des rafales brûlantes de verre pilé, l’odeur un peu forte est assez anecdotique.

Ces caractéristiques inhabituelles et sa relative proximité (64 années-lumière) font de cette planète la référence pour l’étude atmosphérique des exoplanètes. HD 189733 b avait déjà révélé la présence de carbone et d’oxygène dans la composition de son atmosphère. C’est aussi la deuxième exoplanète pour laquelle la présence de vapeur d’eau a été établie. Peut-être un signe de vie possible (on espère que non).

Le travail des chercheurs ne fait que commencer, car « HD 189733 b est une planète de référence, mais elle ne représente qu’un seul point de données »explique Guangwei Fu. Ces mesures devront être réalisées sur d’autres étoiles pour établir une corrélation entre cette composition atmosphérique et d’autres caractéristiques, comme la proximité de l’étoile ou la taille de la planète.

Des perspectives enthousiasmantes pour les scientifiques ; un peu moins pour le reste de l’humanité, qui voit s’éloigner encore la perspective d’une planète habitable pour combler son patrimoine immobilier et qui découvre qu’elle a une voisine qui pue à une soixantaine d’années-lumière. Il va falloir désormais installer des petits sapins sur les rétroviseurs des navettes spatiales.

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