Les chiffres publiés jeudi par l’Institut national de la statistique et du recensement (Insec) d’Argentine montrent que 52,9 % des personnes vivant dans les 31 plus grandes villes du pays étaient dans la pauvreté au cours du premier semestre 2024.
Des chiffres vertigineux qui démontrent l’ampleur de la crise économique en Argentine. L’Institut national de la statistique et du recensement (Insec), organisme gouvernemental dépendant directement du ministère de l’Économie, a relayé jeudi dans un rapport des données inquiétantes concernant le taux de pauvreté en Argentine.
Ce dernier se situe à 52,9% pour le premier semestre 2024 en analysant les résultats collectés dans les 31 villes les plus peuplées du pays. Un tel chiffre n’avait pourtant pas été atteint depuis deux décennies, date de la dernière grande crise économique secouant l’Argentine.
52,9% des personnes des 31 agglomérations urbaines interrogées par l’Enquête Logement Permanent faisaient partie du parc de logements au cours du 1er semestre 2024 https://t.co/hGQZAqDqle pic.twitter.com/x0bXwZz3WN
– INDEC Argentine (@INDECArgentina) 26 septembre 2024
A titre de comparaison, cela représente 3,4 millions d’Argentins supplémentaires tombés dans la pauvreté cette année par rapport à la précédente.
« Ce nouveau programme économique ne protège pas les pauvres »
Elu en décembre dernier à la présidence de l’Argentine, Javier Milei mène depuis une politique d’austérité économique à grande échelle dans le pays afin de réduire drastiquement l’inflation et la dette. Il a également fait campagne avec une tronçonneuse à la main pour symboliser les coupes budgétaires qu’il envisageait, notamment dans les dépenses publiques.
Une fois au pouvoir, Javier Milei a entrepris une série de mesures impactant directement les personnes les plus défavorisées. Ses actions comprenaient le gel des retraites, la réduction du soutien aux soupes populaires, l’élimination des programmes de protection sociale et l’arrêt de tous les projets de travaux publics. Environ dix mille fonctionnaires ont également été licenciés.
La réduction des subventions accordées à l’énergie et aux transports a augmenté les coûts, impactant également directement le pouvoir d’achat des Argentins. « Ce nouveau programme économique ne protège pas les pauvres. Le bond est absolument terrible », a résumé Kirsten Sehnbruch, spécialiste de l’Amérique latine à la London School of Economics and Political Science, pour The Guardian.
Une politique de baisse de l’inflation qui plaît au FMI
La politique économique menée par Javier Milei a été saluée par les marchés, les investisseurs et le Fonds monétaire international, à qui l’Argentine doit 43 milliards de dollars, soit 38,5 milliards d’euros.
A noter que l’inflation mensuelle a progressivement diminué depuis l’arrivée au pouvoir de Javier Milei, passant de près de 26% en décembre à environ 4% en juin. L’inflation annuelle en Argentine est néanmoins l’une des plus élevées au monde, avec un taux dépassant les 230 %.
« La question est de savoir si ce serrement de ceinture sera bénéfique. Que va-t-il se passer ensuite ? Peut-il réellement contrôler les dépenses du secteur public ? Peut-il supporter la monnaie ? Sans cela, nous ne faisons que créer de la pauvreté», a souligné Christopher Sabatini, chercheur principal pour l’Amérique latine à Chatham House, pour le journal britannique.
La popularité de Javier Milei en Argentine chute de 15% en septembre
Pour se défendre contre ce bilan économique critiqué, le porte-parole présidentiel a déclaré que le gouvernement avait « hérité d’une situation désastreuse » des précédents gouvernements de gauche. « Ils nous ont laissé un pays où presque tous les habitants sont pauvres. Le niveau de pauvreté est épouvantable. Nous faisons tout, tout pour changer cette situation », a déclaré Manuel Adorni.
Longtemps placé en tête des sondages, Javier Milei a progressivement vu sa popularité s’effriter, au point de perdre 15% d’opinions favorables en septembre selon un sondage publié ce lundi. Selon de récents sondages, les craintes liées à l’inflation ont été supplantées par celles liées à la perte d’emploi et à la pauvreté.