le tatouage pour mettre « fin » à la maladie
NAthalie veut « redorer son image », « le mettre en avant ». Il s’agit de son sein gauche, celui qui a été retiré lors d’une mastectomie car il était atteint d’un cancer. En décembre, après deux réunions de préparation, elle se rendra au salon de Joanny Verolin, L’Encre du corps, à Sigoulès en Bergeracois, en Dordogne, pour lancer cette dernière étape de sa reconstruction.
« C’est symbolique car, il y a cinq ans, j’ai commencé des traitements », souligne la quadragénaire. La Bergeracoise a choisi des roses pour mettre en valeur ce sein reconstruit avec une prothèse. « J’aime plus l’idée du tatouage que la reconstruction du mamelon en 3D, car cela ne me manque pas de ne pas le voir, cela correspond à qui je suis. »
Avec cette approche, Nathalie a le sentiment de mettre un « point final » au cercle de la maladie. «Je dis souvent que j’ai eu le meilleur», plaisante-t-elle aujourd’hui : la mastectomie et des dizaines de séances de chimiothérapie et de radiothérapie. Mais c’est souvent après un traitement qu’on se retrouve tout seul. Et personnellement, c’est à ce moment-là que j’ai connu une petite dépression. » Car même en rémission, le parcours psychologique des patients peut encore être très long. Tatouer une cicatrice peut alors apparaître comme une étape ultime de la reconstruction.
Transformer la maladie
C’est le constat personnel que fait Anne, la fondatrice de l’association Ink Heart Inked Scar Joy (lire ci-dessous), après en avoir elle-même fait l’expérience avec Joanny Verolin. « Une de mes clientes trouvait que ça ne servait à rien de reconstruire quelque chose qui n’existait plus, elle préférait transformer la maladie en art », témoigne la tatoueuse de Sigoulès, impliquée dans l’association qui permet aux patients de bénéficier d’une cicatrice gratuite. tatouage.
Le geste n’est pas anodin pour le professionnel. « C’est techniquement très particulier de faire un tatouage sur une cicatrice, raconte la jeune femme. Avant toute intervention, elle demande un certificat médical attestant que la cicatrice est « refermée en profondeur ». « Sinon, il y a un vrai risque d’infection », souligne-t-elle. Aucun tatouage ne peut être réalisé avant un an, voire un an et demi après l’opération. « Et toutes les cicatrices ne peuvent pas être tatouées », prévient Joanny Verolin, qui l’a d’abord essayé sur les vergetures ou les cicatrices de scarification.
Un gros budget
Pour Stéphanie Jousse, qui dirige le Cabana Tattoo à La Traverse de Bergerac, s’impliquer dans cette association a donné encore plus de sens au tatouage. « C’est la dernière étape du processus de récupération de son corps, je trouve cela très puissant », estime-t-elle. Elle a déjà pratiqué sur d’anciennes scarifications ou auprès d’une personne ayant beaucoup maigri. Face à la maladie d’un proche, elle sera mobilisée les samedi 12 et dimanche 13 octobre pour l’événement Ensemble pour Octobre Rose organisé à Sigoulès.
« Le tatouage représente beaucoup d’argent supplémentaire, c’est pourquoi beaucoup de gens ne le font pas »
Six des huit tatoueurs de Gironde, Dordogne et Lot-et-Garonne ayant rejoint l’association Ink Heart Inked Scar Joy seront également présents à l’événement qui permettra de récolter des fonds pour l’Institut Bergonié de Bordeaux. Sur dossier, la structure propose de financer des tatouages sur cicatrices. « Le budget est important, on peut facilement sortir autour de 600 euros », précise Joanny Verolin. « Personnellement, j’avais mis de côté les soins de confort car, avec le traitement, on peut avoir la peau qui démange et les ongles qui noircissent », explique Nathalie. Vous avez également besoin de soutiens-gorge spéciaux après la mastectomie et tout cela a un coût. Le tatouage représente beaucoup d’argent supplémentaire, c’est pourquoi beaucoup de gens ne le font pas. »
Elle a remporté le concours lancé par Joanny Verolin qui proposait, via ses réseaux sociaux, de gagner un tatouage de reconstruction. « En revanche, je ne ferai pas couvrir la cicatrice de ma chambre de perfusion », note-t-elle. Parce que quand je me regarde et que je la vois, je me dis : ‘je suis là’. »
L’association Ink Heart Inked Scar Joy
Basée à Bordeaux, l’association Ink Heart Inked Scar Joy a pour objectif de promouvoir les bienfaits physiques, psychologiques et sociaux du tatouage cicatriciel. Elle collabore avec huit tatoueurs de la région. Anne, fondatrice de l’association, sera présente comme maîtresse de cérémonie à Sigoulès, samedi 12 et dimanche 13 octobre. Informations sur le site ink-heart-inked-scar-joy.fr, les pages Facebook et Instagram.