Cet appel s’adresse aux internes ayant travaillé auprès de l’urgentiste, au SAMU/SMUR de l’hôpital Saint-Antoine et de l’hôpital Necker.
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Le syndicat des internes des hôpitaux de Paris lance un appel à témoignages après les révélations de Paris-Match sur les accusations de harcèlement sexuel et moral qui pèsent sur Patrick Pelloux, médecin urgentiste et président de l’Association des médecins urgentistes de France, a appris franceinfo, vendredi 12 avril, auprès du syndicat. Cet appel à témoignage concerne des internes passés par les urgences et dans le SAMU/SMUR de l’hôpital Saint-Antoine et de l’hôpital Necker, où travaillait l’urgentiste.
Dans l’article publié mercredi par Paris-MatchLa professeure Karine Lacombe décrit Patrick Pelloux comme « prédateur sexuel » À « comportement sexuellement dominant ». « J’ai fréquemment observé et subi des actes qui seraient aujourd’hui qualifiés d’agressions sexuelles : une main entre les cuisses, des attouchements sur les seins, des allusions grivoises », se souvient Karine Lacombe. L’infectiologue précise que « Les ingrédients du harcèlement sexuel et moral étaient réunis ici ». Au-delà du cas de Patrick Pelloux, elle explique avoir voulu montrer, dans son livre Les femmes sauveront l’hôpital (éd. Stock) publié en octobre 2023, « le système dans lequel se déroulaient les études de médecine, très viril, très sexuel et l’universalité de la question ».
En 2021, 15 % des stagiaires déclarent avoir subi une agression sexuelle
Pour Kahina Sadat, vice-présidente de l’Association nationale des étudiants en médecine de France (ANEMF), en charge de la qualité de vie des étudiants, interrogée par franceinfo, « il n’y a rien d’étonnant » dans l’enquête sur Paris-Match. « Ce sont des choses qui sont connues des équipes soignantes, de la communauté médicale, depuis des années et des années, personne dans le milieu soignant n’est choqué par ces révélations »continue-t-elle.
La vice-présidente de l’ANEMF affirme que son association reçoit « régulièrement » témoignages de victimes présumées, mais que cela s’est accéléré « avec la vague actuelle ». En mars 2021, l’ANEMF a mené une enquête sur les violences sexuelles et sexistes auprès des étudiants en médecine. L’étude révèle que 15 % des étudiants déclarent avoir subi une agression sexuelle. Seule une victime présumée sur dix l’a signalé. « C’est énorme, ça fait beaucoup d’étudiants »dit Kahina Sadate.
Des étudiants en bonne santé, imprégnés de cette culture du viol »
La présidente de l’intersyndicale nationale autonome des internes de médecine générale (ISNAR IMG), Florie Sullerot, invitée de franceinfo vendredi, se félicite que le « la parole est libérée », mais rappelez-vous que cela n’est pas sans conséquences.
« Quand on nous parle de carrières brisées, c’est ce qui se passe réellement, un peu comme au cinéma. Parler a un prix, même lorsqu’il y a de grandes vagues de solidarité.»
Florie Sullerot, présidente de l’ISNAR IMGsur franceinfo
L’urgentiste Patrick Pelloux s’est défendu Paris-Match en expliquant que les faits remontent à une époque où « on n’avait pas le même rapport au sexe, c’était juste pour s’amuser ». Florie Sullerot réfute ces propos et dénonce « culture du fusil » Et « l’ensemble des coutumes et de l’humour qui existent réellement pour créer de la cohésion dans le groupe des étudiants en santé, imprégnés de cette culture du viol », elle explique. D’après elle, «Cette culture du fusil rendra à terme tous les actes discriminatoires et toutes les violences plus acceptables et moins visibles.»
Deux anciennes ministres de la Santé, Roselyne Bachelot et Agnès Buzyn, ont confirmé à Paris-Match qu’ils avaient été mis au courant de ce comportement. Le médecin a été évacué de l’hôpital Saint-Antoine de Paris. « Nous savons que les agresseurs sont souvent des récidivistes. Il faut leur proposer des formations pour agresseurs, les sensibiliser et surtout protéger au mieux les futures victimes potentielles. La relocalisation ne semble pas du tout suffisante »assure Florie Sullerot.