Le syndicat de Samsung Electronics déclare une grève générale illimitée – 10/07/2024 à 16:59

Un syndicat représentant des dizaines de milliers de travailleurs du géant sud-coréen Samsung Electronics a annoncé mercredi qu’il prolongerait « indéfiniment » une grève de trois jours pour forcer la direction à négocier, notamment sur les salaires.

« (Nous) déclarons une deuxième grève générale illimitée à partir du 10 juillet, après avoir appris que la direction n’est pas disposée à discuter après la première grève générale », a déclaré le syndicat national de Samsung Electronics dans un communiqué.

Plus de 5 000 travailleurs ont quitté le travail lundi pour ce qui devait être une grève de trois jours après l’échec de longues négociations sur les salaires et les avantages sociaux.

Cette décision fait suite à une grève d’une journée en juin, la première de ce type dans l’entreprise, qui était sans syndicat depuis des décennies.

Le syndicat national de Samsung Electronics compte plus de 30 000 membres, soit plus d’un cinquième de l’effectif total de l’entreprise.

Samsung a déclaré mercredi à l’AFP que la grève n’affecterait pas la production.

« Samsung Electronics veillera à ce qu’aucune perturbation ne survienne sur les lignes de production », a déclaré un porte-parole à l’AFP. « L’entreprise reste engagée dans des négociations de bonne foi avec le syndicat », a-t-il ajouté.

– « Elle finira par s’agenouiller » –

Mais le syndicat a parlé d’une « perturbation claire de la production » et a déclaré que plus la grève durerait, « plus la direction en souffrirait ».

« Elle finira par s’agenouiller et s’asseoir à la table des négociations. Nous sommes confiants dans notre victoire », a-t-il déclaré.

Malgré ce mouvement social, Samsung a maintenu mercredi à Paris la présentation de nouveaux produits marquant l’accélération du groupe dans l’intelligence artificielle (IA) générative.

Samsung Electronics est l’un des plus grands fabricants de smartphones au monde et l’un des rares producteurs de cartes mémoire de grande valeur utilisées pour l’IA.

Les usines de semi-conducteurs étant hautement automatisées, la demande de main d’œuvre est faible et la grève n’aura probablement pas d’impact important, a déclaré à l’AFP Avril Wu, analyste du groupe de recherche TrendForce basé à Taipei.

Le syndicat a accusé la direction de l’entreprise d’avoir « entravé » la grève et a déclaré qu’elle ne semblait pas disposée à engager un dialogue.

« Votre détermination est nécessaire pour faire avancer nos objectifs et notre victoire. Unissons nos forces pour protéger nos droits et créer un avenir meilleur », a-t-il insisté, appelant les salariés à rejoindre le mouvement, en particulier « ceux qui hésitent encore ».

La direction a déclaré qu’elle publierait ses commentaires à une date ultérieure.

Le syndicat négocie avec elle depuis janvier, mais les deux parties ne sont pas parvenues à un accord.

Les travailleurs ont rejeté une offre d’augmentation de salaire de 5,1 %, tandis que le syndicat exige également de meilleurs congés annuels et une transparence sur les primes basées sur les performances.

L’impact de la grève « dépend de divers facteurs, (tels que) la durée de la grève, les jours de production perdus et la stratégie de récupération des pertes », a expliqué à l’AFP Neil Shah, vice-président de Counterpoint Research.

Il est également important de savoir « comment la direction de Samsung s’est préparée sachant que cela pouvait arriver et a déjà (anticipé) en simulant des solutions pour résoudre ce problème rapidement », a-t-il noté.

– « De la poussière sur les yeux » –

Depuis près de 50 ans, l’entreprise empêche ses employés de se syndiquer, en utilisant parfois des méthodes violentes, selon ses détracteurs.

Le fondateur de l’entreprise, Lee Byung-chul, décédé en 1987, était farouchement opposé aux syndicats, affirmant qu’il ne les autoriserait jamais « jusqu’à ce que j’aie de la poussière dans les yeux ».

Le premier syndicat de Samsung Electronics a été formé à la fin des années 2010.

Samsung Electronics est la filiale phare du groupe Samsung, le plus grand des conglomérats familiaux qui dominent la quatrième économie d’Asie.

La semaine dernière, le groupe a déclaré qu’il s’attendait à ce que son bénéfice d’exploitation au deuxième trimestre soit multiplié par 15 par rapport à l’année précédente, grâce à un rebond des prix des puces et à une demande accrue pour ses produits d’IA.

Les semi-conducteurs sont au cœur de l’économie mondiale actuelle, utilisés dans tous les domaines, des appareils électroménagers aux téléphones portables, en passant par les voitures et les armes.

Les puces électroniques sont la principale exportation de la Corée du Sud, rapportant au pays 11,7 milliards de dollars en mars, soit le montant le plus élevé depuis près de deux ans. Cela représente un cinquième des exportations totales du pays.