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Le succès des Jeux Olympiques a-t-il (enfin) relancé les ventes de billets pour les Jeux Paralympiques ?

Le comité d’organisation a annoncé mercredi que près de la moitié des billets pour les Jeux paralympiques avaient été vendus, après des ventes décevantes au printemps. Les organisateurs tablent désormais sur un regain d’intérêt grâce à l’engouement suscité pendant les Jeux, malgré des problèmes de calendrier.

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Des supporters français agitent des drapeaux dans les tribunes du Grand Palais, pour les épreuves d'escrime, le 27 juillet 2024. (PHILIPPE MONTIGNY / KMSP / AFP)

La théorie du ruissellement tient toujours. Les organisateurs des Jeux de Paris 2024 ont toujours assuré que le succès des Jeux olympiques, qui se sont terminés dimanche 11 août, entraînerait avec lui celui des Jeux paralympiques (28 août-8 septembre). La ministre des Sports, Amélie Oudéa-Castéra, a ainsi utilisé comme preuve la comparaison avec les Jeux Olympiques de Londres 2012, référence en la matière, dans une interview à La Croix fin mai : « À Londres, un million de billets pour les Jeux Paralympiques ont été vendus pendant les Jeux Olympiques.

A la fin de la première semaine des Jeux Olympiques, Tony Estanguet, le patron du comité d’organisation, a sorti sa boule de cristal et s’est exprimé « un frisson » ventes, rapports Le mondeEtienne Thobois, son bras droit, avait de son côté laissé échapper un chiffre sur franceinfo mercredi 7 août : « Il y avait un peu plus de 2,8 millions de billets en vente, nous sommes maintenant à 1,3 (millions de sièges vendus). Cela se fera naturellement. (…) La ferveur monte dans le sillage des Jeux Olympiques. » Franceinfo est allée vérifier sur le terrain si l’engouement pour les Jeux Olympiques aurait réellement un impact sur les Jeux Paralympiques.

Le match de hockey sur gazon entre l’Espagne et les Pays-Bas ne passionne guère Catherine, une Parisienne passionnée de photographie, venue chercher l’ambiance et le soleil à la fan zone de Vincennes (Val-de-Marne), mardi 6 août. « En raison du manque de billets, je me rends régulièrement dans les fan zones. Ce que je recherche, c’est l’ambiance des Jeux. » Elle parcourt régulièrement la plateforme de vente de billets pour les Jeux paralympiques, à la recherche d’un billet pour l’expérience de sa vie. « J’y réfléchis depuis plusieurs jours, mais je vais finalement craquer pour le dressage aux Jeux Paralympiques, au Château de Versailles. Cela va faire de superbes photos ! »

Sophie, de son côté, aurait volontiers troqué ses photos de vacances au bord de la mer contre un selfie ou deux dans les tribunes des JO. Cette Parisienne regrette amèrement d’avoir « cédant au scepticisme ambiant »Anticipant le chaos dans les transports, elle a revendu au prix fort les billets pour les Jeux olympiques qu’elle avait achetés – au moment de la vente en packs, début 2023. « Et maintenant, je passe une bonne partie de mes vacances dans le Sud à regarder les Jeux Olympiques à la télé… »elle soupire.

Pour ne pas avoir l’impression d’avoir raté l’excitation de Paris 2024, elle a décidé de se rattraper aux Jeux Paralympiques, avec des épreuves se déroulant au Grand Palais. « Je ne connais rien au sport, mais je suis sûr que l’expérience sera comparable »Ce qui lui faisait peur, c’était de se retrouver dans un enclos vide. « Je regarde souvent, et il y a plein de séances où toutes les places sont déjà prises. C’est bon signe, non ? »« 

Selon le Comité d’organisation des Jeux, le rythme des ventes de billets pour les Jeux paralympiques est « cinq fois plus élevé » à ce qu’il était avant la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques, a révélé Michaël Aloïsio, directeur général adjoint de Paris 2024, à Ouest de la France5 août. Mais il reste encore beaucoup à faire. Victor, vêtu de son maillot de l’équipe de France, et Arnaud sortent d’une séance de tennis de table, mais ils ne veulent pas recommencer dans quinze jours. « Très honnêtement, je ne connais aucun athlète… Attendez, Marie-Amélie Le Fur, elle participe toujours ? » Raté, le nonuple médaillé paralympique en athlétisme est désormais président du Comité paralympique et sportif français. « J’ai aussi un problème d’identification. Quand je regarde Roland-Garros, j’ai envie de jouer au tennis.raconte leur ami Anis, venu les rejoindre. « Maintenant, si je regarde du tennis en fauteuil roulant, je reste froid. »

Cette méconnaissance des athlètes ou même des règles des disciplines n’est pas propre aux seuls Jeux paralympiques : combien de spectateurs ont acheté des billets pendant la quinzaine des JO, pour des épreuves qu’ils ont découvertes avec des athlètes devenus leurs héros ? Sans compter que l’un des objectifs des « Paras » est de faire d’Alexis Hanquinquant – le paratriathlète choisi comme porte-drapeau – un sportif reconnu dans la rue, à l’image de Félix Lebrun ou Léon Marchand, comme l’a lui-même admis Tony Estanguet en début d’année.

Un peu plus loin, sur un muret, Clément, Benoît, Charles et Pierre, un autre groupe d’amis qui a participé à une trentaine d’épreuves olympiques, discutent de la possibilité de récidiver en septembre. « Je pense que nous nous échaufferons à la dernière minutedit Clément. Mais ce sera plus du genre « on va faire un test sous la Tour Eiffel » que « on va aller voir du para-volley ». Décidément, les Jeux paralympiques semblent encore loin des esprits des Franciliens.

Christophe, venu prendre une pause à la fan zone de Vincennes, a lui aussi mis tout ce qu’il avait dans les JO. Au sens littéral du terme. « On a fait le calcul hier soir : 3 900 euros pour 32 places »calcule l’homme qui supervise les vacances olympiques de sa famille de six personnes. Et pour les Jeux paralympiques ? « Nous avons acheté quelques billets pour le cécifoot et le tennis en fauteuil roulant. Des billets bon marché, entre 20 et 40 euros. Mais je ne suis même pas sûr d’y aller », il avoue.

Dans la fan zone nichée au pied de l’Hôtel de Ville de Paris, les enfants sont invités à s’essayer au basket-ball en fauteuil roulant, sport phare des Jeux Paralympiques. « C’est vraiment difficile de déplacer la chaise tout en appelant le ballon ! »note Raphaël, 10 ans, essoufflé après une quinzaine de minutes d’effort. De là à donner envie au garçon de proposer à ses parents d’aller à Bercy encourager Sofyane Mehiaoui, et ses coéquipiers de l’équipe de France de basket-ball en fauteuil roulant, pendant les Jeux ? Pas sûr. « Quand ont lieu les Jeux paralympiques ? En septembre ? Mais j’aurai école, non ? »

S’il n’y avait qu’un obstacle qui se dresse entre l’engouement populaire pour les Jeux Olympiques et les Jeux Paralympiques, ce serait les 17 jours qui séparent les deux compétitions. Philippe et Lise sont venus de Montbéliard pour passer une semaine palpitante derrière les champions olympiques. « Nous serions volontiers revenus pour les « Paras », ils avancent, abrités à l’ombre d’un des écrans géants de la fan zone. Mais nous travaillons dans un secteur, l’industrie, où nous n’avons aucun contrôle sur nos dates de congés. L’usine redémarre le 19 août, et nous aussi. »

Rencontré au Club France, haut lieu de célébration des champions de France, Pierre, supporter bordelais, ne cache pas non plus ses regrets. « Je reprends le travail lundi, mais après avoir connu cette ambiance, j’aurais adoré revenir fin août ! Pourquoi pas pour voir le Grand Palais, que j’ai raté cette semaine. Mais malheureusement ce ne sera pas possible… »

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