C’est l’un des dossiers qui attendent le nouveau Premier ministre et son équipe : améliorer l’accès aux services publics. Cinq ans après la création des espaces France Services, la Cour des comptes souligne leur intérêt mais s’inquiète de leur financement.
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Pour réduire la fracture territoriale en matière d’accès aux services publics, le nouveau gouvernement pourrait s’inspirer de ce qui a été mis en place après la crise des « gilets jaunes » :la création de « maisons ou espaces France services ». Des guichets uniques qui rapprochent les services publics des usagers, notamment dans les petites communes. Exemple à Pouilly-sur-Loire, commune de 1 600 habitants dans la Nièvre, où le réseau de ces guichets semble avoir trouvé son public.
AAu coeur de la poste,dans l’espace « France services » créé il y a deux ans et demi, Karen, une jeune retraitée, a pris rendez-vous ce matin-là pour une démarche d’état civil. « J’aimerais savoir où se trouve mon père, car je n’ai plus aucun contact avec lui, savoir si je peux bénéficier de la pension de réversion, en cas de décès »explique-t-elle. Mais ce n’est pas la première fois qu’elle utilise ce compteur : « JEJ’ai eu pas mal de rendez-vous, qui m’ont souvent permis de me sortir de situations compliquées« , elle l’avoue en riant.
« Quand on n’arrive pas à faire quelque chose au niveau informatique, ça devient psychologiquement très dur, on n’arrive pas à dormir, c’est l’enfer. »
Karen, une jeune retraitéeà franceinfo
Pour l’aider, Lynda, employée de La Poste à Pouilly, a reçu une formation spéciale. « JEJe me suis portée volontaire pour effectuer ma mission France Services en complément de La Poste.elle dit. Avec un deuxième agent, elle assiste les usagers dans leurs demandes de cartes d’immatriculation ou de déclarations de revenus. Maintenant que tout se fait en ligne, il est constamment nécessaire « les rassurer, leur expliquer qu’on peut toujours trouver une solution », décrit Lynda. Et selon Karen, cela comble un vide pour toute la campagne environnante. « Franchement, on se sent complètement abandonné ici.elle se lamente. « Même le centre des impôts est fermé à Pouilly, il faut se déplacer à chaque fois, c’est loin. C’est vraiment là-bas que c’est le plus facile. »
Deux chaises, un ordinateur, une imprimante et surtout ce contact humain qui change tout. « C’est une énorme différence.elle assure. Chaque fois que je pars, je les remercie, je souris jusqu’aux oreilles et je dis ouf. »
« Il faut vraiment faire confiance à la personne en face de soi, surtout quand on parle de sujets très personnels. »
Karen, jeune retraitéeà franceinfo
Mais cela ne se produit pas toujours dans un bureau de poste. Parfois, les gens trouvent cette aide dans un bus. gérés par un centre social. C’est le cas à Narcy, petit village de 500 habitants. Le jour du marché, le bus France services s’installe pour la matinée, devant les trois stands : un traiteur, un maraîcher et un boucher-charcutier. Après avoir fait leurs courses, Sylvie a pris rendez-vous : « On fait les courses et en même temps, on fait les démarches administratives »elle se réjouit.
Depuis trois ans, le bus circule toute la semaine dans dix communes autour de La Charité-sur-Loire. « C’est idéal, ça m’a évité de devoir aller jusqu’à Nevers pour faire mes démarches à la Cnav »dit Sylvie, qui vient pour de nouvelles informations sur sa retraite. La conseillère Vanessa l’attend dans le véhicule, gros comme un camping-car, et ils commencent l’entretien en discutant de manière informelle.
« Pouvez-vous me faire une place dans le bus ? Je suis ici pour voir si j’ai droit à plus avec ma retraite… »
Sylvie, retraitéeà franceinfo
Une autre demande d’aide : une vieille dame vient voir Vanessa avec une lettre à écrire. « M« J’ai la lettre, je ne sais pas comment la tourner, je ne sais pas comment la mettre »elle explique. Vanessa fait face tous types de demandes : « Il y a des gens qui viennent même pour renouveler leur forfait mobile, installer une box, payer l’eau, elle ditc’est vraiment très large » «
Le programme France Services fonctionne donc bien, mais peut-il perdurer dans le temps ? C’est précisément ce qui inquiète la Cour des comptes. Ces plus de 2 800 places France Services contribuent réellement à réduire la fracture territoriale, mais à condition que leur financement soit assuré. L’Etat devrait accroître son soutien, car aujourd’hui ce sont surtout les collectivités et les associations qui financent.La Cour des comptes souligne également la nécessité de valoriser le métier de conseiller France Services, notamment avec une meilleure attractivité salariale.