Pas moins de 2.000 pièces, dont étoles, chasubles, dalmatiques qui habilleront les 170 évêques, 700 prêtres et 700 diacres permanents attendus… La réouverture de Notre-Dame, prévue les 7 et 8 décembre, est aussi une affaire de tissus. Celles des vêtements liturgiques conçus pour l’occasion, et qui serviront ensuite aux grandes célébrations réunissant tout le clergé du diocèse de Paris, comme les messes chrismales et d’ordination.
Pour cette commande d’envergure, qui sera proposée sous forme de mécénat de maisons d’art et d’artisanat, le diocèse s’est tourné vers un créateur qui a déjà fait ses preuves dans ce domaine : le styliste Jean-Charles de Castelbajac. C’est en effet lui qui a conçu les ornements liturgiques portés lors des Journées Mondiales de la Jeunesse (JMJ) à Paris en 1997.
Pour cette œuvre, le créateur est parti de la croix du chœur de Notre-Dame. Dessinée par Marc Couturier, c’est cette croix qui « vaincu le tumulte »restant debout après l’incendie qui a ravagé la cathédrale parisienne en 2019. « Je n’avais jamais utilisé d’or dans mon travail auparavant, expliquer à La Croix Jean-Charles de Castelbajac. Pour ces ornements, j’ai voulu remettre la croix devant, pour qu’elle soit un phare, un repère, un étendard.. »
Cette croix dorée apparaît donc au centre des chasubles, sur les mitres destinées aux évêques et sur les étoles. La couleur brille également sur ces ornements, symbole, pour le créateur, de « la renaissance de Notre-Dame ». « J’ai voulu donner un signe fort à ceux qui sont convaincus, mais aussi aux jeunes qui recherchent un symbole, une image qui provoquera leur admiration. « , il continue.
Sur les chasubles destinées aux évêques, 12 croix colorées symbolisent les 12 Apôtres. En créant ces ornements, Jean-Charles de Castelbajac a pensé à sa fille de 4 ans, son petit-fils de 16 ans, en se demandant « comment parler aux plus jeunes avec des images de ce siècle, leur raconter cette merveilleuse histoire qui peut les ouvrir à la spiritualité« . Il explique qu’il voulait aussi inculquer « un peu d’épopée spirituelle » : « Nous devons parler de courage aux jeunes générations.»
Une envie de « sobriété » et « d’élégance »
Pour le créateur qui, le 15 avril 2019, s’est rendu sur le parvis de Notre-Dame qui brûlait – « l’un des moments les plus tristes et les plus émouvants de ma vie» -, c’était « un grand honneur » à demander pour ces ornements. A 17 ans, en visitant le trésor de la cathédrale, il est marqué par la tunique de Saint Louis qui l’inspirera par la suite dans son œuvre.
Plus tard, « Les JMJ 1997 ont changé ma vie », il ajoute. « Avant, je faisais un travail très expérimental et assez intime sur des idées qui allaient changer le monde ; et je me suis retrouvé à mettre mon talent au service de ma foi et de l’enthousiasme populaire. »
Pour cette nouvelle commande, il « autodiscipliné ». « Je ne voulais pas quelque chose de trop différent»explique-t-il en soulignant sa volonté de « sobriété » et D’« élégance ». Des discussions sont en cours avec plusieurs ateliers français pour la fabrication.
« La création de ces ornements s’inscrit dans la même veine que celle du mobilier liturgique, tout cela participe à la beauté par la création, explique de son côté Mgr Olivier Ribadeau Dumas, recteur de Notre-Dame. Il s’agit d’exprimer sa joie et son espérance à l’occasion de la réouverture de la cathédrale au culte.. »
Après la période inaugurale de la cathédrale Notre-Dame qui s’étendra jusqu’à la Pentecôte 2025, une chasuble sera offerte à chaque paroisse de Paris.