Les nouvelles les plus importantes de la journée

le statut très particulier des compagnons d’Emmaüs

le statut très particulier des compagnons d’Emmaüs

Publié


Durée de la vidéo : 4 minutes

Pas de contrat, pas de salaire minimum : le statut très particulier des compagnons d'Emmaüs

Pas de contrat, pas de salaire minimum : le statut très particulier des compagnons d’Emmaüs
Pas de contrat, pas de salaire minimum : le statut très particulier des compagnons d’Emmaüs
(ENQUÊTE COMPLÉMENTAIRE / FRANCE 2)

Une institution mythique du secteur solidaire accusée de maltraitance de la part de certaines des personnes démunies qu’elle aide… Le 6 juin 2024, « Complément d’enquête » se penche sur Emmaüs et sa face cachée. Soixante-dix ans après l’appel de l’abbé Pierre, certaines communautés sont mises en examen pour des conditions de travail problématiques… mais tolérées par les pouvoirs publics. Explications dans cet extrait.

Les compagnons d’Emmaüs, sortis de la rue et accueillis par la célèbre association de l’abbé Pierre en échange de leur participation à des « activités solidaires », sont-ils mis en danger par des conditions de travail problématiques ? Dans certaines communautés, comme a pu le constater « Enquête Complémentaire », la sécurité pose question. En 2022, deux personnes sont décédées dans les groupes Emmaüs, dans le cadre de leur activité. Quant aux accidents du travail, Emmaüs ne les a jamais recensés.

Depuis soixante-quinze ans, les compagnons travaillent… en dehors du droit du travail, avec la tolérance des pouvoirs publics. Ils disposent en effet d’un statut juridique particulier, taillé sur mesure après la disparition de l’abbé Pierre.

Une personnalité « formidable » que cet abbé Pierre, se souvient Martin Hirsch (président d’Emmaüs France de 2002 à 2007), qui savait user de son savoir-être pour protéger ses communautés : lorsqu’un site était menacé de fermeture pour non-respect des normes de sécurité, il suffisait au charismatique abbé de passer un coup de téléphone au Président de la République en lui disant « Il y a un préfet qui embête ma commune » pour que la commission de sécurité ferme les yeux… Mais l’abbé n’est malheureusement pas « pas éternel »il devenait urgent de changer le système.

Les funérailles du prêtre iconoclaste ont eu lieu en janvier 2007, à l’approche des élections présidentielles. Pour Nicolas Sarkozy, qui cherche à s’attacher les services d’un spécialiste des questions de pauvreté classé à gauche, Martin Hirsch apparaîtrait comme un « une couverture politique et médiatique importante ». C’est ce que rappelle dans cet extrait de « Complément d’enquête » Patrick Doutreligne, alors vice-président d’Emmaüs. En marge des obsèques, il est « à quelques mètres de Martin Hirsch lorsque Sarkozy s’est approché de lui ». Selon lui, c’est à ce moment-là qu’a été préparé un « deal » (un mot que Martin Hirsch réfute) qui ferait progresser le statut des compagnons.

Nicolas Sarkozy élu, Martin Hirsch est nommé haut-commissaire à la solidarité active contre la pauvreté, et il votera un statut juridique sur mesure pour les communautés Emmaüs. Les OACAS (organismes d’accueil communautaire et d’activités solidaires) sont créés par un bref article de loi. Les compagnons d’Emmaüs sortent de l’ombre et bénéficient depuis de nouveaux droits : ils cotisent notamment à la retraite et à la Sécurité sociale. En revanche, ils ne sont toujours pas soumis au droit du travail : pas de contrat, pas de prud’hommes, pas de salaire minimum, pas de contrôles de l’inspection du travail, etc.

Extrait de « Emmaüs : rendez-nous Abbé Pierre ! », diffusé dans « Complément d’enquête » le 6 juin 2024.

> Les rediffusions des magazines d’information de France Télévisions sont disponibles sur le site Franceinfo et son application mobile (iOS & Android), section « Les magazines« .

Quitter la version mobile