BL’épreuve va-t-elle connaître avec le stade Matmut Atlantique le scénario catastrophe vécu par Le Mans onze ans avant lui ? En 2013, croulant sous les dettes, le club de football du Mans est relégué en division d’honneur, la sixième souterraine du football français. L’équipe déserte piteusement le MMArena, un stade flambant neuf construit pour sa gloire, devenu inaccessible financièrement. Une situation ridicule : le MMArena, stade sans utilisation, reste vide pendant quatre saisons. Or, quitter son stade, c’est ce qui risque d’arriver aux Girondins de Bordeaux.
Rappel des faits. Au milieu de…
BL’épreuve va-t-elle connaître avec le stade Matmut Atlantique le scénario catastrophe vécu par Le Mans onze ans avant lui ? En 2013, croulant sous les dettes, le club de football du Mans est relégué en division d’honneur, la sixième souterraine du football français. L’équipe déserte piteusement le MMArena, un stade flambant neuf construit pour sa gloire, devenu inaccessible financièrement. Une situation ridicule : le MMArena, stade sans utilisation, reste vide pendant quatre saisons. Or, quitter son stade, c’est ce qui risque d’arriver aux Girondins de Bordeaux.
Contexte. Au milieu des années 2000, le football est en plein essor au Mans. Le club sarthois accède à l’élite en 2003, redescend l’année suivante, puis remonte aussitôt et termine 2e de Ligue 1. Le MUC72 y reste cinq saisons, installé au plus haut niveau. Les élus locaux se mettent à rêver et se lancent dans la construction d’un grand stade. D’une capacité de 25 000 places, il est construit par Vinci via une concession, un montage juridique similaire au partenariat public-privé (PPP) choisi à Bordeaux pour la Matmut. Budget : 104 millions d’euros. Tout se passe bien, même le naming est évident avec la vente du nom du stade à l’assureur MMA, dont le siège est au Mans, pour un ticket d’entrée de 3 millions d’euros et un transfert annuel de 1 million d’euros.
Conséquences sportives et financières
Mais l’affaire tourne vite au fiasco. Lorsque le MMArena est inauguré en janvier 2011, le sportif ne suit déjà plus. 18e à l’issue de la saison 2010, le club du Mans est rétrogradé en Ligue 2. Deux saisons plus tard, c’est le krach : 14 millions d’euros de dettes, relégation en division d’honneur, liquidation. L’écosystème politique, économique et sportif local avait tout misé sur ce bijou de stade, mais le rêve est passé. Le Mans FC quitte le MMArena où il n’évolue que depuis deux saisons. Que faire de ce stade que l’on commence seulement à rembourser ?
Pour s’offrir le MMArena, les collectivités locales ont déboursé 50 millions d’euros, dont 32 pour la seule ville du Mans. En plus de cette subvention initiale, la municipalité verse une redevance annuelle de 1,3 million d’euros à Vinci. Cette redevance a été portée à 4,1 millions d’euros par an lorsque le club résident a quitté son stade, incapable de payer le loyer. En 2018, la Cour des comptes s’était alarmée, la charge financière de l’aventure MMArena sur Le Mans Métropole (devenu propriétaire du stade) dépassait les 53 millions d’euros.
« 4,1 millions sur les finances de la ville, c’est un sujet, mais on arrive à le gérer. Il y avait un contexte, on avait un stade ancien, il fallait le refaire, l’équipe se portait bien, la décision politique d’en construire un nouveau a été prise à l’unanimité. A l’époque, c’était entendu, personne n’a trouvé à redire », tempère Stéphane Le Foll, alors ministre sous François Hollande et conseiller municipal, actuel maire du Mans.
Depuis, Le Mans FC a retrouvé la Ligue 2 (en 2017) et fait son retour au MMArena. L’équipe évolue devant 3 000 à 5 000 spectateurs dans un stade de 25 000 places. En 2022, le MMA décide de ne pas renouveler son appellation. C’est la fin du MMArena, le stade prend le nom de Marie-Marvingt. Les rêves d’élite semblent s’être envolés, le projet sportif s’est aligné sur les moyens du club.
» Tu dois être très prudent «
Que reste-t-il de l’aventure, plus de dix ans après ? Le MMArena fut le premier stade de France construit et exploité par un groupe privé (Vinci, comme à Bordeaux) pour le compte d’une collectivité publique.
« Aujourd’hui, tout le monde fait attention, c’est moins tape-à-l’œil, les clubs sont mieux gérés, on construit des stades plus petits »
Le principal enseignement est qu’en cas de krach, c’est la collectivité qui est en première ligne. « La collectivité doit rembourser le prêt, que voulez-vous ? Il n’y a pas d’autre solution. Le sport est important pour une collectivité mais il faut faire très attention, ne pas s’emballer, ne pas penser qu’on va gagner de l’argent avec le foot. Aujourd’hui, tout le monde fait attention, c’est moins clinquant, les clubs sont mieux gérés, on construit des stades plus petits », analyse le maire du Mans.
Stéphane Le Foll en tire une leçon : il est dangereux de construire un stade pour un événement éphémère, mais trop grand pour la vie quotidienne d’un club. Des propos qui font penser au Matmut de Bordeaux, décidé pour l’Euro 2016, qui n’a jamais trouvé son équilibre économique depuis son inauguration en 2015 et s’avère surdimensionné pour les moyens des Girondins.
La métropole exposée
Propriétaire du stade Matmut depuis 2017, Bordeaux Métropole a proposé à Fenway, un éventuel repreneur de courte durée, un effacement de créances de 20 millions d’euros et une réduction du loyer payé par les Girondins pour le stade Matmut (4,7 millions d’euros par an). Comme au Mans, la collectivité est en première ligne. Indirectement, le contribuable est également exposé.