C’est à Naples que mon projet d’écriture Ballons politiques 1 est né. La ville sortait de plusieurs mois de célébrations du troisième scudetto de son histoire, et les drapeaux et foulards bleu ciel couvraient encore les rues. Je repensais aux mots de Roberto Saviano, mélancolique, qui savait qu’il ne remettrait plus jamais les pieds dans le stade de Naples, lui qui dénonçait la mafia et ses agissements et qui est toujours menacé. La mafia dans les stades, autour des clubs, les liens avec le monde politique, on en parle souvent en Italie. Le plus célèbre de tous dans la péninsule est probablement Silvio Berlusconi et l’AC Milan.
Je pensais aussi à la Coupe du monde au Qatar en 2022, aux menaces de boycott, puis à ces images du président français avec les deux mains sur les joues de Kylian Mbappé après la finale perdue. C’est donc avant d’embarquer pour un long voyage en bateau dans la chaleur de la ville de Parthénope que m’est venue l’idée des « Political Footballs ». Le sport et le football en particulier ont toujours été politiques. J’ai eu envie de réfléchir et d’enquêter : peut-on continuer à aimer le sport de haut niveau malgré les enjeux politiques et économiques qui ne sont pas forcément en phase avec les valeurs humanistes ? Car le sport est ce qu’on en fait, comme un outil de soft power.
L’organisation de la Coupe du monde au Qatar a suscité de vives critiques, à juste titre, mais l’organisation de la Coupe du monde en Russie quatre ans plus tôt – lorsque la Crimée avait été annexée – avait soulevé beaucoup moins d’indignation. Quant à la Coupe du monde au Brésil en 2014, le monde occidental avait peu scruté son organisation, alors que les conditions de travail des ouvriers brésiliens avaient été largement dénoncées localement et que l’augmentation du prix des tickets de bus en juin 2013 avait provoqué d’immenses manifestations contre le gouvernement de Dilma Rousseff. Une forme de hiérarchie dans les indignations selon les pays qu’il faudrait étudier de plus près.
Le sport est aussi politique à travers les prises de position ou le silence de ses acteurs. Si l’on ne peut contraindre personne, on peut en revanche inciter les sportifs à utiliser leur notoriété pour dénoncer les actes qui portent atteinte à la dignité des personnes, comme les discriminations et les violences qu’elles provoquent (sexistes, raciales, antisémites, LGBT-phobes, etc.). Enfin, le sport est nécessairement politique, puisque les compétitions se déroulent dans des contextes sociaux et politiques particuliers. Lors de l’Euro de football masculin en juin, plusieurs joueurs de l’équipe de France, emmenée par Jules Koundé, ont appelé à voter contre l’extrême droite. Le leader de cette dernière n’a pas manqué de souligner qu’il ne se sentait pas représenté par cette équipe de France, pas assez blanche à son goût. Elle porte pourtant en elle la France dans toute sa diversité et son multiculturalisme.
Alors, qu’on le veuille ou non, pris entre les enjeux géopolitiques et financiers, les politiques nationales, le sport est politique et fera toujours l’objet de récupérations. Après ces législatives anticipées, la manière dont les Jeux olympiques seront vécus dans le pays sera riche d’enseignements. Et une extension sur le terrain des rivalités entre courants profondément réactionnaires, et d’autres humanistes, du progrès et du respect des droits de l’homme, sera probablement à prévoir.
Avant de partir, une dernière chose…
Contrairement à 90 % des médias français d’aujourd’hui, L’humanité ne dépend pas de grands groupes ou de milliardaires. Cela signifie que :
- nous vous apportons des informations impartiales et sans compromis. Mais aussi que
- Nous n’avons pas ne disposent pas des ressources financières dont bénéficient les autres médias.
Une information indépendante et de qualité a un coût. Paye le.
Je veux en savoir plus
New Grb1