Le site Internet Radio M, qui fait partie du groupe de médias indépendants dirigé par le journaliste algérien Ihsane El Kadi, emprisonné depuis fin 2022, a cessé ses publications, mercredi 19 juin, après que la justice a confirmé la dissolution de la société d’édition du média.
« C’est le cœur lourd que nous, journalistes de Radio M, vous annonçons l’arrêt de la publication de notre site internet »a indiqué l’équipe de Radio M dans un communiqué sur Facebook.
Saisie de matériel
Après l’arrestation d’Ihsane El Kadi, directeur de la publication, en décembre 2022, accompagnée de la saisie du matériel radio et de la mise sous scellés de ses locaux, « le titre a continué d’exister malgré le harcèlement continu de ses journalistes par les autorités, la lourde condamnation de son directeur et les poursuites contre la maison d’édition »a expliqué l’équipe de Radio M.
« L’équipe de Radio M a résisté comme elle a pu. Nous avons traversé des courants froids et de violentes tempêtes qui, hélas, ne semblent pas s’atténuer. Le 13 juin 2024, la cour d’appel d’Alger a confirmé la dissolution d’Interface Médias, la société éditrice de Radio M.a-t-elle précisé.
Condamnation définitive
Ihsane El Kadi a été condamné en appel en juin 2023 à sept ans de prison, dont cinq ans, soit deux de plus qu’en première instance. En octobre 2023, la Cour suprême a rejeté un appel devant la Cour suprême, rendant sa condamnation définitive.
Le journaliste, directeur d’un des derniers groupes de presse privés et indépendants en Algérie, Interface Médias qui comprend Radio M et Maghreb Émergent, a été poursuivi pour « Financement étranger de son entreprise ».
La Ligue algérienne de défense des droits de l’homme (LADDH), dissoute en septembre 2022 par les autorités algériennes, dénoncée sur sa page Facebook « un jour triste » pour la liberté de la presse en Algérie.
La « voix du peuple »
« Radio M, la voix du peuple et des malheureux de la terre, cesse d’émettre et de publier. Dernière bougie de la presse libre et de la liberté d’expression qui s’éteint en Algérie », a souligné la LADDH.
Selon le dernier classement de l’ONG Reporters sans frontières, l’Algérie a perdu trois places en 2024 en matière de liberté de la presse, se positionnant à la 139ème place sur 180 pays audités.
RSF déplore « Les médias indépendants sous pression » et « menaces et arrestations » de journalistes pour « le simple fait d’évoquer la corruption ou la répression des manifestations ».