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Le service militaire pour les « haredim », un tabou brisé en Israël ?

Cette semaine, la Cour suprême israélienne a ordonné la conscription des élèves des écoles talmudiques, appelés « haredim » en hébreu, qui étaient exemptés du service militaire depuis la création de l’État juif en 1948.

C’est un tabou que la Cour suprême vient de briser en IsraëlIl renvoie le pays à ses ambiguïtés, entre le sionisme laïc et socialiste qui a construit la nation israélienne et le messianisme religieux qui imprègne l’histoire du peuple juif.

Lors de la création de l’État hébreu en 1948, c’est David Ben Gourion qui a voulu rassembler en Israël tous les juifs qui le souhaitaient, d’où qu’ils viennent et quelles que soient leurs convictions politiques et religieuses. Ce qu’il veut alors, c’est apporter la sécurité à ses contemporains qui viennent de vivre l’épreuve terrible et inhumaine de la Shoah. Et c’est donc lui qui décide de respecter les exigences du mouvement ultra-orthodoxe, qui estime que l’étude de la Torah est essentielle et doit être une activité à plein temps. C’est ainsi que les élèves des écoles talmudiques sont exemptés du service militaire. Il faut dire qu’à l’époque, ils n’étaient qu’une centaine.

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Cette situation a persisté pendant de nombreuses années, même si certains militants laïcs ou responsables militaires ont rapidement trouvé ce régime d’exonération trop discriminatoire. Mais Ces « haredim », comme on les appelle en hébreu, revendiquent leur mode de vie et leur mission d’étude approfondie de la Torah..

Mais avec le temps, les positions des deux camps se durcissent. Depuis 1998, la Cour suprême est régulièrement saisie par des mouvements laïcs qui estiment que cette rupture d’égalité face au devoir militaire est tout simplement inacceptable.

Depuis le 7 octobre, la remise en cause de l’exemption du service militaire pour les « haredim » se fait de plus en plus forte

La décision de la Cour suprême intervient dans un contexte où se pose le problème des effectifs et notamment des rotations de ces militaires déployés dans la Bande de Gaza. Gaza et aussi dans le nord du pays. D’autant que les étudiants ultra-orthodoxes ont eu beaucoup d’enfants depuis 1948. Ils représentent aujourd’hui 13% de la population, et ils sont plus de 160 000 à étudier la Torah.

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Et c’est donc à ce moment, alors que la Knesset, le Parlement israélien, étudie un texte de loi sur la fin de l’exemption, que choisit la Cour suprême pour rendre son avis. Un avis motivé par les circonstances actuelles : « Au milieu d’une guerre difficile, le fardeau inégal est plus prononcé que jamais et nécessite une solution durable « .

Toutefois, l’adoption de ce texte par le Parlement pourrait entraîner de graves tensions au sein de la coalition gouvernementale dirigée par Benjamin Netanyahouoù cohabitent opposants et partisans de cette mesure. À suivre. Mais la Cour suprême a choisi son camp.

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Gérard Truchon

An experienced journalist in internal and global political affairs, she tackles political issues from all sides
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