le Sénat souligne « l’imprudence » du gouvernement et exige la transparence
Un rapport sénatorial transpartisan, présenté jeudi 13 juin, a dénoncé « insouciance » du gouvernement sur les dérapages budgétaires des derniers mois, formulant des recommandations pour assurer une meilleure transparence des finances publiques.
« Aucune crise comparable ne justifie le déficit public de l’année 2023 »s’est alarmé le rapporteur général du budget Jean-François Husson (LR) lors d’une conférence de presse au Sénat, soulignant « une confusion entre la solidité, la rigueur des chiffres et le pari politique » de l’exécutif.
Le déficit public a en effet atteint 5,5% du PIB en 2023, soit 15,8 milliards d’euros de plus que ce que le gouvernement avait prévu (4,9%). Ce qui l’a amené à annuler 10 milliards d’euros de crédits pour 2024.
Report du crédit budgétaire
Le socialiste Claude Raynal épinglé « l’opacité de la communication budgétaire »croyant qu’il n’était pas « pas prudent de s’accrocher toute l’année à un objectif de déficit de 4,9% devenu inatteignable ».
Les deux sénateurs chargés de cette mission s’indignent particulièrement de la pratique gouvernementale de report de crédits budgétaires d’une année sur l’autre, estimés pour 2024 à 16,1 milliards d’euros. Une pratique « non conforme à la rigueur et à la transparence budgétaires »ce qui permet « réduire le déficit d’une année tout en augmentant doucement celui de l’année suivante »» s’est moqué le sénateur Jean-François Husson.
Le rapport sénatorial, adopté à l’unanimité avec abstentions macronistes, propose donc que « mise à disposition »des commissions des finances du Parlement les notes techniques des administrations, et que ces commissions soient « saisies » au cas où « alerte sur un éventuel écart des estimations hors des intervalles de confiance ».
Bercy réfute toute dissimulation
Il recommande également de revoir les modalités de l’examen annuel du projet de loi de finances, avec une « réétalonnage » lors de cet examen « pour éviter d’adopter un texte qui aurait perdu tout lien avec la réalité économique ». Voire même d’exiger du gouvernement qu’il présente au Parlement un projet de loi de finances rectificative en cas de « changement significatif des prévisions »ce qu’il n’a pas fait pour 2024.
Cette mission d’enquête « éclair », lancé fin mars par la Haute Assemblée, fait suite à un audit sur place réalisé par la commission des Finances du Sénat à Bercy pour clarifier les conditions de la dégradation du déficit public. Auditionné par le Sénat, le ministre de l’Économie Bruno Le Maire a réfuté toute dissimulation.
« Toutes les informations ont été données en temps utile au Parlement et aux Français, et toutes les décisions nécessaires ont été prises en temps utile pour corriger les conséquences de recettes fiscales inférieures aux prévisions »» argumenta-t-il.