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le Sénat examine un projet de loi visant à réglementer les changements de genre

Le texte, déposé par les sénateurs LR, prévoit notamment l’interdiction des opérations chirurgicales de conversion sexuelle et restreint la prescription d’inhibiteurs de puberté aux mineurs qui souhaitent changer de sexe.

« Encadrer les pratiques médicales mises en œuvre dans la prise en charge des mineurs ayant des problèmes de genre » : l’objectif fixé par le projet de loi examiné ce mardi au Sénat donne d’emblée la conclusion du rapport de la sénatrice (LR) Jacqueline Eustache-Brinio, qui s’est penchée depuis un an sur les transitions de genre des mineurs. En l’absence de règles claires, estime-t-elle, ces transitions sont actuellement insuffisamment encadrées en France.

Au moment de la publication de ce rapport, les sénateurs LR annonçaient le dépôt d’un projet de loi visant notamment à interdire aux mineurs transgenres l’accès à la chirurgie de conversion sexuelle, ou aux traitements hormonaux, comme les bloqueurs de puberté. Cette dernière interdiction a été légèrement assouplie en commission.

Si le texte de loi qui sera examiné à 14h30 en séance reste sensiblement identique à celui déposé par le groupe LR du Sénat, un amendement a tout de même réduit l’interdiction des bloqueurs de puberté pour les mineurs transgenres, permettant à certains centres de référence répertoriés par arrêté de les prescrire, à condition que les patients mineurs aient bénéficié d’au moins deux ans de réflexion et que leur discernement soit suffisant.

Deux ans d’emprisonnement

Pour le reste, le projet de loi prévoit notamment dans son article 2 une peine de deux ans d’emprisonnement, de 30 000 € d’amende et une interdiction d’exercice de dix ans, pour les professionnels de santé qui auraient contrevenu à l’interdiction.

Alors qu’un groupe de travail mandaté par la Haute Autorité de Santé (HAS) doit rendre ses conclusions l’année prochaine sur la transition de genre à partir de 16 ans, le sénateur LR Alain Milon, qui a participé à l’amendement du texte en commission, justifie le vote de ce projet de loi par arguant que tant que ces recommandations ne sont pas connues, de nombreuses pratiques restent autorisées et nécessitent « une loi forte mais avec beaucoup de tolérance ». « Rien n’interdit actuellement de pratiquer des opérations de conversion sexuelle sur des mineurs »il précise détailler le cadre actuel, très permissif selon les sénateurs du groupe qui a élaboré ce projet de loi.

Si les sénateurs LR, majoritaires au Sénat, auront la liberté de voter sur le texte, un proche conseiller confie son optimisme avant le vote : « La plupart devraient voter pour tel quel, même s’il est plus difficile de prévoir si le texte sera renforcé par un amendement, ce qui n’est pas à exclure »il confie.

Manifestations contre la « transphobie »

Face à cela, la droite devra batailler avec une gauche très hostile à l’idée de restreindre la possibilité de changer de sexe, même chez les mineurs. Pour la sénatrice écologiste Anne Souyris, « ce projet de loi n’a pas pour but de protéger les enfants, c’est un faux nez de transphobie ».

Le 5 mai, environ 2 500 personnes (selon le ministère de l’Intérieur) se sont rassemblées à Paris et dans plusieurs villes de France pour marcher contre les discriminations envers les personnes trans. L’appel à la mobilisation a été lancé par plus de 800 collectifs et personnalités (Annie Ernaux, Vanessa Springora, Act Up Paris, Family Planning, etc.) dans une tribune publiée par Politique . La France Insoumise et le Parti socialiste avaient également appelé à rejoindre les rassemblements. Les organisateurs et les participants protestaient contre le projet de loi des sénateurs, ainsi que contre la sortie d’un livre d’enquête de Dora Moutot et Marguerite Stern intitulé Transmanie .

Ray Richard

Head of technical department in some websites, I have been in the field of electronic journalism for 12 years and I am interested in travel, trips and discovering the world of technology.
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