Le Sénat approuve un nouvel outil de protection d’urgence pour lutter contre les violences domestiques
L’« ordonnance provisoire de protection immédiate » permettra au juge de prononcer des mesures d’urgence dans les 24 heures en cas de danger.
Pour accompagner plus efficacement les victimes de violences conjugales, le Sénat a voté mardi la création d’un « ordonnance de protection temporaire et immédiate »un nouvel outil qui permettra au juge de prononcer des mesures d’urgence dans les 24 heures en cas de danger.
Le projet de loi de la députée Renaissance Emilie Chandler, adopté en première lecture par l’Assemblée nationale, permet de compléter l’ordonnance de protection actuelle, selon laquelle le juge aux affaires familiales dispose de six jours pour prononcer des mesures telles que l’interdiction de prendre contact, de se rendre certains lieux ou de détenir une arme, même sans plainte de la victime présumée.
« Outil judiciaire sans précédent »
Face aux féminicides et aux violences faites aux femmes, la ministre de la Famille Sarah El Haïry l’a défendu « outil judiciaire inédit permettant d’appréhender toutes les situations dangereuses avant même l’intervention du juge pénal ». Le sénateur centriste Dominique Vérien, qui avait travaillé sur le sujet avec Mme Chandler ces derniers mois, a souligné l’importance « assurer une meilleure protection des victimes dans le court délai entre la saisine du juge aux affaires familiales et sa décision sur l’ordonnance de protection »six jours pendant lesquels « le danger peut être important »elle a prévenu.
Le Sénat a légèrement assoupli le texte voté à l’Assemblée nationale, en donnant notamment la possibilité à la personne en danger de s’adresser elle-même au juge pour obtenir une ordonnance de protection provisoire immédiate, avec l’accord préalable du procureur. Le ministre El Haïry s’est opposé à cet élargissement, qui « complexifie » selon elle la procédure « en ajoutant des étapes supplémentaires qui affecteront l’efficacité du dispositif ».
Autre ajout sénatorial, la possibilité pour le procureur d’attribuer aux bénéficiaires de ce nouveau dispositif un téléphone grave danger lui permettant, en cas de menace, d’alerter la police via un bouton spécial. Le texte étend également de six à douze mois la durée initiale des mesures imposées dans une ordonnance de protection classique.
Sénateurs et députés devront désormais se mettre d’accord sur un texte de compromis lors d’une commission mixte paritaire (CMP), avant l’adoption définitive du texte au Parlement. Selon les chiffres officiels, 118 femmes ont été tuées par leur conjoint ou ex en 2022, et 122 en 2021.