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Le Sénat adopte un projet de loi controversé interdisant les transitions de genre chez les mineurs

Manifestation contre la transphobie et pour la visibilité des personnes trans, à Paris, le 26 mai 2024.

Le Sénat a adopté, mardi 28 mai, un projet de loi visant à encadrer les transitions de genre avant l’âge de 18 ans, une initiative d’élus du parti Les Républicains (LR) farouchement condamnée par la gauche et les associations. Après quelques hésitations, le gouvernement a annoncé son opposition au texte.

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Le projet de loi de la sénatrice (LR) du Val-d’Oise Jacqueline Eustache-Brinio, adopté par 180 voix contre 136, prévoit notamment l’interdiction des traitements hormonaux pour les mineurs et le contrôle strict des prescriptions d' »inhibiteurs de puberté ». Ces molécules permettent de suspendre le développement de caractères sexuels secondaires (poitrine, voix, cheveux) relatifs au genre auquel l’enfant ne s’identifie pas.

C’est’« pour éviter que les mineurs remettant en question leur genre ne regrettent des traitements médicaux ou une opération de changement de sexe suite à un diagnostic erroné »a déclaré l’auteur du texte, suscitant des protestations de la gauche. « Le vrai problème que vous avez, c’est que les personnes trans existent et que vous ne pouvez rien faire pour arrêter cela »a répondu l’écologiste Mélanie Vogel (Français établis hors de France).

Le texte a été adopté grâce aux votes quasi unanimes de l’alliance LR-centriste, majoritaire au Sénat. La gauche et le groupe macroniste s’y sont opposés, tandis que le groupe des Indépendants (majoritaire Horizons) n’a pas participé au vote. Il a désormais été transmis à l’Assemblée nationale, mais rien ne garantit pour l’instant qu’il y sera examiné.

« Une offensive transphobe »

Les débats au Sénat ont été l’occasion pour le gouvernement de clarifier sa position, alors que le flou régnait jusqu’en fin de soirée, mardi, sur ses intentions précises. Mais le ministre délégué chargé de la Santé, Frédéric Valletoux, après avoir écouté tous les groupes politiques, a finalement rejeté d’emblée l’initiative, dénonçant « une approche totalement dogmatique et subjective, où les arguments médicaux et scientifiques ont peu d’importance ».

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Plus tôt dans la journée, plusieurs sources parlementaires avaient été prévenues par l’exécutif d’un avis gouvernemental appelé « de sagesse », ni favorable ni défavorable, qui avait irrité jusque au sein du camp présidentiel. Plusieurs parlementaires de la Renaissance avaient en effet signé dans la journée une tribune publiée dans Le nouvel Obs dénonçant un «offensive transphobe».

« Nous ne donnerons pas notre voix à une démarche qui n’est qu’un prétexte pour accréditer les positions les plus radicales et les plus injustes et réactionnaires de notre assemblée »le sénateur (Renaissance) des Hauts-de-Seine Xavier Iacovelli s’est indigné en séance publique.

Face aux critiques, le président des sénateurs LR, Bruno Retailleau, est monté au créneau dans l’hémicycle : « Il n’y a pas d’un côté le camp du bien et de l’autre le camp du mal. Il n’y a pas d’un côté des transphobes et de l’autre des gens dotés d’une totale humanité. Ce genre de déclaration est une insulte »dit-il en brandissant le « devoir de précaution et de prudence » envers les mineurs.

Rapporteur du projet de loi, le sénateur (LR) du Vaucluse Alain Milon a assuré qu’il garantissait  » l’équilibre «  entre le besoin de « soulager la souffrance des patients » Et celui de « limiter le recours à des interventions irréversibles ».

Jusqu’à deux ans de prison pour les médecins

La version du texte soumise au vote du Sénat prévoit de permettre la prescription d’inhibiteurs de puberté aux mineurs mais dans un cadre précis, « centres de référence pluridisciplinaires » et seulement après un suivi médical d’au moins deux ans.

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La prescription d’hormones croisées aux mineurs serait en revanche interdite, tout comme la production d’hormones croisées. « chirurgies de réaffectation ». Avec une peine pouvant aller jusqu’à deux ans d’emprisonnement et 30 000 euros d’amende pour les médecins qui contreviendraient à ces règles. « Un précédent inquiétant »selon M. Valletoux.

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Des associations de défense des droits LGBT+ et de nombreux sénateurs ont également critiqué l’inclusion dans ce texte d’un article sur la mise en place d’une stratégie nationale en matière de pédopsychiatrie. « Incongruence de genre »c’est-à-dire le sentiment d’inadéquation entre le genre ressenti et celui de naissance, a pourtant été exclu de la catégorie des troubles mentaux par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) en 2018.

Le Monde avec l’AFP

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Cammile Bussière

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