La santé du marché du travail résistera-t-elle aux futures coupes budgétaires ? Ce n’est pas sûr. Et pour cause : au cours de l’année écoulée, trois emplois créés sur quatre l’ont été dans le secteur public. Entre mi-2023 et mi-2024, le secteur public est ainsi à l’origine de 95.000 nouveaux emplois (+1,2%), sur un total – public et privé confondus – de 129.000, selon l’Institut national de la statistique et des études économiques (Institut national de la statistique et des études économiques). INSEE).
«Malgré un effectif bien réduit (il y a 21 millions de salariés dans le privé contre 6 millions dans le public, au deuxième trimestre 2024), l’emploi du secteur public contribue au moins autant à la croissance globale sur un an que le secteur privé »résume Vladimir Passeron, chef du service emploi et revenus du travail à l’Insee. « L’emploi public n’a jamais été aussi dynamique depuis l’élection d’Emmanuel Macron en 2017 », observe Mathieu Plane, directeur adjoint du département d’analyse et de prévision à l’Observatoire français des conjonctures économiques.
Sur les deux années 2021 et 2022, le rythme de progression a été plus modéré (respectivement + 0,4 % et + 0,3 %). Même si les données détaillées ne sont pas encore disponibles pour 2023, les chiffres de l’Insee montrent que les effectifs ont davantage augmenté en 2022 dans la fonction publique de l’État (+ 0,6 %) que dans la fonction publique hospitalière (+ 0). ,1%) ou les autorités locales (stabilité).
Autre point notable : les embauches se font principalement sur une base contractuelle, et non sur une base statutaire, avec parfois des CDD de très courte durée. Et plus d’un agent sur cinq travaillant dans le secteur public est désormais sous contrat.
Ralentissement dans le secteur privé
Dans un contexte de déficits croissants, cette augmentation des effectifs publics « peut alerter, estime Stéphane Colliac, économiste chez BNP Paribas. Mais il faut d’abord voir pour quels besoins ces emplois ont été créés. Après le Covid-19, nous avons changé de perspective et créé de nombreux postes dans la santé ou l’éducation ». À l’été 2020, après la crise sanitaire due au Covid-19, le Ségur de la santé s’est traduit par 15 000 recrutements à l’hôpital. La hausse des effectifs s’explique aussi, souligne M. Passeron, par le fait que les seniors restent plus longtemps dans leur emploi en raison de la réforme des retraites.
Il n’en reste pas moins que la dynamique relative de l’emploi public vient aussi du ralentissement apparu dans le secteur privé. Depuis l’été, l’emploi n’a guère progressé, et a même légèrement reculé dans l’intérim et le bâtiment. « L’emploi privé est plus lié à la situation économique que l’emploi public, et il perd donc davantage de terrain » tandis que la croissance faiblit, explique M. Colliac.
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