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le scénario improbable, mais pas impossible, du non-renouvellement des fréquences de C8 et CNews

La police de l’audiovisuel vient de terminer ses auditions pour l’attribution des chaînes de la TNT. Le renouvellement de l’agrément de certaines chaînes du groupe Bolloré, sanctionnées à de nombreuses reprises, fait débat.

CNews peut se targuer de ses audiences en pleine croissance, avec près de 9,2 millions de téléspectateurs chaque mois.

CNews peut se targuer de ses audiences en pleine croissance, avec près de 9,2 millions de téléspectateurs chaque mois. Photo Nicola Messyasz/SIPA

Par Emma Poesy

Publié le 23 juillet 2024 à 17h56

« LLa rédaction de CNews traite l’information de manière exemplaire au quotidien. (…) La force de notre rédaction, c’est notre attachement au pluralisme, à l’équilibre des temps de parole, à la véracité de l’information. » La formule de Gérald Brice-Viret, le directeur général des antennes du groupe Canal+, peut sourire même si la chaîne vient d’être, Encore une fois, il a été sanctionné par l’Arcom à hauteur de 80.000 euros pour des manquements à l’honnêteté de l’information. Pourtant, sans trembler, Gérald Brice-Viret a défendu le « succès » de sa chaîne devant les sages de l’Arcom, devenue cette année la première chaîne d’information de France devant BFMTV.

Du 8 au 17 juillet, le gendarme de Le secteur public de l’audiovisuel a auditionné les vingt-quatre candidats aux quinze fréquences de télévision terrestre dont les autorisations de diffusion expirent en 2025. Parmi les prétendants, les candidats sortants, mais aussi plusieurs outsiders qui tentent d’obtenir l’une des précieuses fréquences. La procédure est généralement une formalité : dans l’histoire de l’ancien CSA, il n’est jamais arrivé qu’une chaîne louant une fréquence ne soit pas renouvelée.

Cette fois, la situation pourrait être différente. Les deux chaînes sont pointées du doigt pour leur vision étriquée du pluralisme. Dans le cas de CNews, on peut parler d’une chaîne d’opinion déguisée en chaîne d’information. Rien qu’en juillet, la chaîne a été condamné par l’Arcom à deux reprises.

Au total, CNews et C8 sont devenues les chaînes les plus sanctionnées de l’histoire de l’audiovisuel public français – 380 000 euros d’amende pour l’une, plus de 7,6 millions pour la seconde. Le renouvellement des fréquences de C8 et CNews fait débat au-delà de la sphère médiatique, avec la création du collectif Stop Bolloré en 2022, la multiplication des pétitions en ligne pour que CNews retire sa fréquence – dont une lancée par la députée de Génération Sophie Taillé-Polian. Un contexte lourd et pesant pour l’Arcom au moment de prendre sa décision.

Chiffre d’affaires en hausse

Si de nombreux arguments plaident en faveur des deux chaînes, leurs audiences parlent en leur faveur. CNews peut se targuer d’avoir enregistré « la plus forte croissance de toutes les chaînes hertziennes » avec près de 9,2 millions de téléspectateurs chaque mois, comme l’a rappelé Maxime Saada, PDG de Canal+ lors de l’audience. Il en va de même pour son chiffre d’affaires « en augmentation continue ». En mars, la chaîne d’information est devenue rentable, alors que son prédécesseur i-Télé n’a jamais réussi à atteindre cet objectif. Si ce n’est pas le cas de C8 – l’antenne qui héberge Ne touchez pas à ma TV !, L’émission de Cyril Hanouna, qui a enregistré 48,5 millions de pertes nettes en 2023 selon L’informé –, la chaîne dispose également d’un large bassin de téléspectateurs. En juin, elle réalisait 2,8% de part d’audience, juste derrière Arte (2,9%) et M6 (8%). Les deux chaînes du groupe Canal+ peuvent aussi compter sur le poids d’un actionnaire finançant notamment le cinéma français et le sport.

Par ailleurs, l’Arcom a pour mission de préserver une forme de stabilité dans le paysage audiovisuel français : maintenir le statu quo pourrait donc être la solution la plus confortable pour le régulateur. D’autant que, même si les concurrents sont nombreux cette année, nombre de dossiers de candidature (CMI France, Ouest-France) semblent un peu faibles. Plutôt que de confier une fréquence à de nouveaux entrants, l’Arcom pourrait se contenter d’une régulation à la marge : de nouvelles exigences en matière de pluralisme et des négociations à la rentrée avec les chaînes renouvelées, afin de leur imposer un cahier des charges avec des obligations d’investissement plus strictes.

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