LETTRE D’ATHÈNES
Le 17 août, Maria Kamma, maire de Tilos, une petite île du Dodécanèse, située près de Rhodes et de la côte turque, a publié sur Facebook les photos d’un bébé réfugié de 50 jours, sauvé grâce à la mobilisation des habitants et des autorités locales. Rebaptisé Ionas, du nom d’un moine qui a construit un monastère sur l’île de Tilos, le bébé a été « bloqué sur la montagne pendant trois jours et ses parents ont dû préparer son lait avec de l’eau de mer »explique Maria Kamma.
Ce samedi d’août vers 11 heures, les autorités locales sont informées de la présence d’un groupe de 36 exilés arrivés sur une partie escarpée de l’île, inaccessible en voiture. Très vite, le maire adjoint et plusieurs bénévoles se rendent sur les lieux du drame avec un canot pneumatique, des couvertures de survie et tout le nécessaire pour venir en aide à ceux qui viennent de faire la traversée depuis la Turquie voisine. Sains et saufs, le bébé et sa mère reçoivent les soins nécessaires de l’un des seuls médecins de cette petite île de seulement 500 habitants, tandis que plusieurs insulaires se précipitent pour trouver des vêtements chauds, un biberon, du lait pour le bébé et les autres enfants, pour la plupart originaires d’Afghanistan.
Les habitants de Tilos sont habitués à l’arrivée de migrants depuis la crise migratoire de 2015, au cours de laquelle la municipalité a mis en place un programme très innovant avec le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) pour les intégrer dans la communauté. Une fromagerie gérée par des réfugiés a même été créée à cette époque.
Depuis avril, plus de 2 000 migrants ont débarqué sur les côtes de Tilos. « Avec seulement 4 ou 5 garde-côtes, deux médecins fraîchement diplômés, comment pouvez-vous apporter de l’aide à ces gens ? Certains arrivent malades, avec du diabète et toute une série de problèmes »Maria Kamma a confié il y a quelques jours au journal de centre-droit KathimeriniDans sa publication sur les réseaux sociaux, la maire a remercié les bénévoles qui sont venus en aide à Ionas et a fait l’éloge de son île, « ce lieu béni où les hommes et les responsables refusent de perdre leur humanité ».
« Nous n’avons perdu aucune vie humaine jusqu’à présent et nous essayons d’aider du mieux possible les personnes qui souffrent, qui sont blessées et battues. Oui, battues, car les passeurs, pour les charger sur les bateaux, les frappent… Des femmes enceintes coincées dans les montagnes, des bébés et des enfants jetés dans les parties escarpées de l’île, des femmes blessées, des hommes sévèrement battus par les trafiquants turcs, sont les scènes de désespoir auxquelles la communauté de mon île a été confrontée ces derniers mois. (…)Les quelques garde-côtes présents sur l’île sont débordés et pourtant ils ne peuvent accepter l’idée de perdre une vie humaine !poursuit le conseiller progressiste, qui s’engage également depuis des années pour rendre son île indépendante énergétiquement.
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