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« Le Roman de Jim », le mélodrame médiatique des frères Larrieu

« Le Roman de Jim », le mélodrame médiatique des frères Larrieu
Florence (Laetitia Dosch), Jim (Eol Personne), Christophe (Bertrand Belin) et Aymeric (Karim Leklou), dans « Le Roman de Jim », d'Arnaud et Jean-Marie Larrieu.

CANNES PREMIÈRE

Bien que gardée secrète par le Festival de Cannes, l’information fait son chemin. Il y a, à Cannes, non pas un, mais des centaines de Thierry Frémaux, délégué général de l’événement. Leur nombre augmentant chaque année, chacun d’eux passe le Festival à repeindre le concours à ses couleurs. Nous-mêmes, à l’occasion, ne sommes pas insensibles à cette petite prestidigitation séditieuse. Passons donc avec autorité en compétition le nouveau film d’Arnaud et Jean-Marie Larrieu, un mélodrame sec et poignant comme on en voit rarement. Rien d’étonnant, compte tenu de la singularité de ces Occitans engagés depuis plus de vingt ans dans la turbine légère et fraternelle du cinéma. Chronique country polyamoureuse (Peindre ou faire l’amour2005), fantaisie apocalyptique ibérique (Les derniers jours du monde2009), polar des sommets (L’amour est un crime parfait2013), comédie musicale de Lourdes (Tralala2021) : on retient ici le goût du bricolage fantastique et existentiel, l’amour de la chair, le sens aigu du dépaysement et du paysage.

Les voici, avec Le roman de Jim, travaille dur sur le mélodrame. L’idée est née à la lecture du roman éponyme du romancier jurassien Pierric Bailly, paru en 2021 aux éditions POL, désireux comme eux de créer l’universel à partir d’un territoire bien balisé. A Saint-Claude, dans le Haut-Jura, Aymeric (Karim Leklou), dans le prologue de ce film, cherche un peu à se perdre. Cambriolage d’individus avec quelques compagnons dans les airs, histoire de voir venir, en l’occurrence, surtout la police, et la prison qui suit derrière. En partant, une rencontre fortuite un soir à Saint-Claude – celle de Florence (Laetitia Dosch), une ancienne collègue – le remet sur les rails.

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Un peu perdue, enceinte de six mois, avec le père de l’enfant qui a tracé sa voie, pourtant dotée d’un teint affriolant, Florence, qui le consomme le soir même, ne semblait n’attendre qu’Aymeric. Sa tendresse. Sa générosité. Sa capacité à se donner et à recevoir aussi bien l’amant que la mère et l’enfant. L’histoire commence ici et, sans que nous le sachions encore, elle se prépare depuis plus de vingt ans. Ce n’est jamais facile de faire ça au cinéma. Une des premières vertus du film est la façon dont les Larrieu composent leur histoire sur une période de temps aussi longue, avec un sentiment d’ellipse, de connexion à distance et une fluidité narrative absolument remarquable.

Réinventer la vie

Il y aurait trois grands moments. Celui de l’amour comme cadeau, sans calcul ni prévision. Aymeric, qui enchaîne les petits boulots, vit avec Florence, infirmière, une vie à la fois modeste et marginale dans une cabane à la campagne ; il devient père du petit Jim, aime cet enfant qui n’est pas le sien, mais qu’il a vu naître comme le sien, tout en offrant, avec la mère de Jim, l’espace bio-historique d’un autre père qui ne serait pas lui. Des projets sont en cours.

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