Une personne sur trois vit dans les villes du monde entier. Les données du WEF montrent que plus de 2,8 milliards de personnes vivent dans des logements inadéquats, dont 1,1 milliard dans des quartiers informels ou des bidonvilles.
Plus d’un milliard de personnes n’ont pas accès à des besoins fondamentaux fiables, sûrs et abordables, tels qu’un logement de base, l’eau courante, l’électricité et l’assainissement. Cependant, leur donner accès à un logement décent peut améliorer leur résilience au changement climatique.
Tendances en matière de logements inadéquats
Plus de la moitié de la population mondiale (57 %) vit en zone urbaine. D’ici 2050, la population urbaine augmentera de 2,5 milliards supplémentaires. L’essentiel de cette croissance (90 %) devrait se produire en Asie et en Afrique, régions très vulnérables au climat.
Dans les pays à faible revenu, 64 % des résidents urbains vivent dans des bidonvilles ou des établissements informels, et ce nombre devrait augmenter à mesure que les gens quittent les zones rurales pour chercher des opportunités d’emploi.
Rôle du logement dans le renforcement de la résilience climatique
L’action climatique doit commencer par le logement en raison de son impact direct sur la santé et les moyens de subsistance des populations.
Un rapport de 2023 d’Habitat pour l’humanité explore les avantages sociaux et de bien-être de l’accès à un logement adéquat dans les quartiers informels. Il révèle qu’un logement adéquat a une corrélation positive avec les trois dimensions de l’indice de développement humain : le revenu, la santé et l’éducation. Fournir suffisamment de logements peut augmenter le PIB jusqu’à 10,5 % ; il prolonge l’espérance de vie jusqu’à 4 %, ajoutant 2,4 années de vie en moyenne dans le monde.
À l’échelle mondiale, cela permet d’éviter jusqu’à 738 565 décès évitables et d’augmenter jusqu’à 28 % les années de scolarisation attendues dans certains pays. Dans l’ensemble, fournir un accès à un logement convenable dans les quartiers informels pourrait conduire à un gain allant jusqu’à 18 places dans le classement des pays selon l’IDH et à un changement du niveau de développement humain de faible à moyen et d’élevé à très élevé.
Malgré tous les avantages transformationnels qu’offre un logement adéquat dans les quartiers informels, il est rarement discuté et souvent négligé en tant que solution pour renforcer la résilience climatique dans les forums internationaux sur le climat.
L’article du WRI met en lumière les initiatives réussies en matière de logement pour les colons informels dans les pays en développement.
Logement participatif et développement urbain dans la ville d’Iloilo, Philippines. La Fédération des sans-abri des Philippines, en partenariat avec des organisations de la société civile et le gouvernement, a assuré la construction de logements, la relocalisation et la réhabilitation après une catastrophe pour près des deux tiers des 27 000 familles urbaines à faible revenu de la ville, sans recourir à des expulsions forcées ou à des réinstallations à distance.
Le gouvernement a fourni des terres dans les limites de la ville et les organisations bénévoles ont mis en commun leurs économies pour prêter à ces colons informels. Le résultat a été que 1 250 familles ont obtenu de nouveaux logements et un meilleur accès aux opportunités d’emploi, à l’éducation et aux établissements de santé. Cette initiative menée dans la ville d’Iloilo, aux Philippines, illustre comment la collaboration entre le gouvernement et les organisations de la société civile peut générer des résultats transformateurs dans la communauté.
Une initiative d’Habitat pour l’humanité assure un approvisionnement en eau essentiel dans le village de Sangara en Tanzanie grâce à des solutions innovantes, notamment un système de pompage solaire, des compteurs prépayés et un modèle de prêt. Ceci est réalisé en collaboration avec WaterAid Tanzanie, UTT-MFI (une institution de microfinance), eWATERpay et le conseil du district de Babati.
Le modèle de prêt offrait aux résidents un système de paiement abordable. L’argent récolté a été réinvesti dans la communauté. L’accès à l’eau a permis aux habitants d’économiser plusieurs heures pour aller chercher de l’eau, de démarrer de petites fermes maraîchères et d’accélérer la pose de briques pour construire de nouvelles maisons et améliorer l’assainissement.
D’autres initiatives comprennent :
- Construire et moderniser des logements et des infrastructures pour les rendre résilients au climat dans le cadre de projets au Bangladesh ;
- Engager les communautés dans les efforts de préparation aux catastrophes dans le cadre d’un programme en Indonésie qui permet d’économiser de l’argent et des vies alors que le changement climatique intensifie les catastrophes naturelles ;
- Former les femmes des quartiers informels en Inde sur la manière de lutter contre la chaleur extrême en utilisant des solutions durables ; et,
- Des systèmes d’alerte précoce ont été installés dans les zones sujettes aux inondations, donnant aux zones à faible revenu et à haut risque d’inondation suffisamment de temps pour se préparer ou évacuer.
Dans des pays et des villes africains comme Nairobi, le Zimbabwe et l’Ouganda, des organisations internationales ont collaboré pour fournir un accès à l’énergie dans les plus grands bidonvilles de Nairobi, des systèmes solaires domestiques hors réseau au Zimbabwe et des lampadaires solaires dans les villes ougandaises de Kampala et Jinja. L’accès à l’énergie a généré des résultats positifs pour les ménages de ces zones. Il a prolongé les heures d’ouverture des marchés, créé des milliers d’emplois supplémentaires et fourni des compétences et des emplois techniques aux jeunes vulnérables.
L’article du WEF propose les suggestions suivantes sur la manière dont les pays pourraient améliorer le logement dans leurs communautés les plus vulnérables : Premièrement, les gouvernements et les militants du climat devraient reconnaître le rôle central d’un logement adéquat dans le renforcement de la résilience climatique et le renforcement de la communauté dans son ensemble. Deuxièmement, donner la priorité aux plus vulnérables grâce à une adaptation progressive, et troisièmement, investir dans l’écologisation des établissements informels.
L’article met également en lumière le travail d’une plateforme mondiale, ShelterTech, une branche d’Habitat pour l’humanité, une ONG américaine à but non lucratif qui cherche à aider à construire et à améliorer les logements des familles à faible revenu ou issues de milieux défavorisés. Habitat pour l’humanité a été fondée en 1976 par le couple Millard et Linda Fuller, et depuis 2023, l’organisation opère dans plus de 70 pays.
ShelterTech place les entrepreneurs au centre d’un écosystème hautement connecté de collaborateurs qui partagent une passion pour les solutions révolutionnaires en matière de logement abordable. Ils comprennent des investisseurs, des institutions financières, des fondations, des entreprises, des gouvernements, des pairs, des mentors et des experts techniques.
Start Somewhere, l’une des nombreuses organisations à but non lucratif soutenues par ShelterTech, est basée dans le quartier informel de Kibera, au Kenya. À l’aide de matériaux d’origine locale, l’entreprise construit des blocs de construction uniques appelés TwistBlocks, faits de ciment peu coûteux, réutilisable et résistant au feu, pour rénover les maisons, les rendant ainsi plus sûres et plus résistantes aux intempéries.
Un logement convenable, et non n’importe quelle forme d’abri, est un droit humain fondamental. Selon les Nations Unies, le logement est un droit et non une marchandise. C’est la base de la stabilité et de la sécurité pour un individu ou une famille. Centre de notre vie sociale, émotionnelle et parfois économique, une maison devrait être un sanctuaire, un lieu où vivre en paix, en sécurité et dans la dignité.
Les initiatives et projets mis en avant dans l’article du WRI visant à améliorer le logement dans les quartiers informels montrent que même les plus petites mesures peuvent catalyser des changements positifs dans la vie des gens.
Un logement adéquat augmente le bien-être des gens et les motive à saisir les opportunités d’améliorer leur vie, comme l’adaptation au climat.